La modestie et la sincérité

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vendredi 9 mars 2018

La modestie et la sincérité

Allah décrit le comportement des personnes modestes en disant : « Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent dignement et humblement sur terre »

La modestie est le fait d’être humble, de reconnaitre ses fautes, de ne pas donner plus d’importance à son ego qu’il ne le mérite, d’adopter un style de vie dépouillé de tout orgueil et arrogance. Puis ainsi accueillir sereinement ce qu’Allah a prédestiné et se soumettre à Lui en disant : « tout ce qui est de Toi est agréable, tes faveurs comme tes épreuves ». D’ailleurs, Allah lorsqu’il décrit les comportements des personnes modestes dit : « Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent dignement et humblement sur terre » (s. Furqân, v. 63). Il est évident que les personnes portant ces particularités sont les humbles, les sereins et les dignes. Ils ne s’enorgueillissent pas et ne méprisent pas les bienfaits d’Allah. D’ailleurs, notre Prophète (saw) a dit : « Allah m'a révélé que vous devez être modestes au point que personne ne se sente meilleur qu'un autre et que personne ne rabaisse un autre » (Muslim, Jannah, 16). Omar (ra) rapporte à ce sujet : « Un jour, alors que je me présentais au Prophète (saw)  après avoir reçu son autorisation, j’ai vu sur son corps les traces de la natte sur laquelle il s’asseyait. Il y avait dans la pièce une poignée d’orge, une gourde en cuir et quelques feuilles de livèche et je n’ai pu retenir mes larmes. Le Prophète (saw) me dit alors : “Pourquoi pleures-tu ?” Je répondis : “Et comment ne pleurais-je pas ! Je peux voir la trace de la natte sur tes flancs et aussi le peu de choses que tu as dans cette pièce. Alors que Chosroês et César vivent au bord de rivières et au milieu de fruits ! Mais tu es l’envoyé d’Allah et tu vis dans ce milieu modeste.” Le Prophète (saw) dit alors : “Ô Umar ! Ne te plait-il pas qu’ils aient pour eux ce bas-monde et que l’au-delà soit à nous ?” » (Muslim, Talaq, 5).

D’ailleurs, comme cité plus haut, Allah encadre le comportement de Ses serviteurs en désignant la modestie : « Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement et dignement sur terre ; ceux qui répondent avec douceur aux ignorants qui les interpellent »

Les disciples du soufisme ont également donné beaucoup d’importance à la modestie. Selon eux, la modestie est se comporter avec affection, compassion et douceur envers les autres. C’est d’accepter la vérité d’où qu’elle vienne. Dans ce sens la dignité, l’honneur, la liberté et l’estime font également partie de la modestie. Ils précisent la nécessité de la modestie dans la vie sociale en ajoutant qu’elle est plus agréable chez les personnes fortunées. De plus, ils rapportent également que la fierté et l’arrogance sont des comportements désagréables et plus encore chez les personnes nécessiteuses. Dans ce cadre, il est possible de dire que la grandeur d’une personne se mesure par l’abondance de sa modestie et sa bassesse par l’abondance de son arrogance. Ainsi, les personnes intelligentes, cultivées et sages ont toujours été modestes et dignes. Il est possible d’apercevoir des exemples de cela dans la vie du Prophète (saw). Car il a condamné l’arrogance en ordonnant aux musulmans d’être modestes entre eux. Dans ce contexte, la tradition éthique de l’Islam considère la modestie comme une particularité des prophètes. D’ailleurs, comme cité plus haut, Allah encadre le comportement de Ses serviteurs en désignant la modestie : « Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement et dignement sur terre ; ceux qui répondent avec douceur aux ignorants qui les interpellent » (s. Furqân, v. 63). Il est stipulé ici que les croyants ont la dignité, le sérieux, la douceur et la modestie en commun. D’un autre coté les orgueilleux, agressifs, fiers et arrogants sont condamnés. Il est conseillé aux croyants de répondre à leur comportement agressif par le salut et de les ignorer car les bonnes manières et la maturité sont dans la modestie, la crainte et la sincérité des musulmans face à Allah ainsi que dans la croyance en l’invisible avec une profonde soumission.

Cependant, afin d’éviter tout mal entendu, il faut faire la différence entre la modestie et la misère. Le croyant, face à la vérité, ne peut accepter de se taire, de se laisser écraser, mépriser lui-même ou ses valeurs. Au contraire, il doit être attentif et préventif à l’injustice et l’erreur. Allah parle ainsi des croyants : « Muhammad est le Prophète de Dieu. Autant ses Compagnons sont durs envers les infidèles, autant ils sont pleins de compassion entre eux. » (s. Fath, v. 29). Comme nous pouvons le constater, les croyants sont doux, compatissants et courtois entre eux. Ils utilisent leur intelligence, leurs compétences, leur force et leur richesse au service du salut et de la sérénité de la société. Ils ne les considèrent pas comme un outil ou une occasion de pression entre eux. De plus ils sont attentifs, préventifs et n’hésitent pas à être durs et résistants face à ceux qui corrompent, fautent le trouble et sont injustes.

Un jour, un homme se présenta au Prophète (saw). Il tremblait de tout son corps par la majesté du Prophète qui le remarqua et dit : « Calme-toi ! Je ne suis pas un souverain. Je ne suis que le fils d’une femme de Quraych mangeant de la viande séchée. »

La modestie agréée d’Allah est celle qui est équilibrée. Il s’agit de donner son dû à qui le mérite. Etre modeste face au peuple c’est de former un environnement paisible, d’être souriant et positif dans ses propos, de répondre aux questions avec douceur, de répondre aux invitations, de combler les besoins et de ne pas se considérer supérieur aux autres. Un jour, un homme se présenta au Prophète. Il tremblait de tout son corps par la majesté du Prophète (saw) qui le remarqua et dit : « Calme-toi ! Je ne suis pas un souverain. Je ne suis que le fils d’une femme de Quraych mangeant de la viande séchée » (Ibn Mâja, Sunan, t. 2, p. 1100)

Il est nécessaire de rappeler à ce point cette anecdote significative : lorsque le Prophète (saw) s’asseyait près de la Kaaba, il arrivait que des personnes sans famille et dans le besoin le rejoignent. L’Envoyé d’Allah (saw) s’occupait personnellement d’eux, discutait avec eux et les aidait. Les idolâtres, lorsqu’ils voyaient cela se moquaient en tournant le visage par mépris : « Est-ce là ceux qu’Allah a favorisé par la guidance ? Est-ce eux que nous devrions suivre ? » puis ils ajoutèrent que si le Prophète éloignait ces personnes de son entourage, ils pourraient éventuellement se rapprocher de lui. Cependant, malgré cela le Prophète (saw) a continué de fréquenter ces personnes et de les accueillir dans son cercle (M. Asım Köksal, İslam Tarihi [Histoire de l’Islam], t. 11, p. 468.). Comme nous pouvons le constater, que ce soit la richesse ou la généalogie, la base de la réaction des idolâtres est en fait l’arrogance et l’ignorance.

« Prenez garde ! je vous annonce les gens du paradis : ce sont les faibles et modestes. S’ils jurent par Dieu, Il les soutiendra sans aucun doute dans leur promesse. Prenez garde encore une fois ! Je vous annonce les gens de l’enfer : ce sont les trompeurs et les arrogants au cœur dur. »

Dans le Coran, Allah donne l’exemple de Crésus et des clés de son trésor, qui vivait à l’époque de Mûsâ (as) et qui se vantait de cette richesse qu’il ne pouvait porter seul : « Ne te vantes pas trop ! Dieu n’aime pas les gens pleins de gloriole. » (s. Qasas, v. 76). Effectivement, les arrogants ont un visage grincheux et sont austères. Ils ne peuvent rester dans un cercle trop longtemps et même s’ils y restent, personne ne veut s’approcher d’eux. En réalité, une personne arrogante se fait du mal sans le savoir. Il gêne tout le monde. Il est difficile d’être son voisin ou son ami. En conséquence, la richesse et l’argent ne peuvent le rendre heureux. D’ailleurs, il s’agit clairement de ce sujet dans le verset 18 de la sourate Luqmân : « Ne prends pas un air arrogant en abordant tes semblables ! Ne te dandine pas avec insolence dans ta démarche ! Dieu n’aime pas les insolents pleins de gloriole. » Dans ce verset, Luqmân rappelle à son fils de ne pas être arrogant face à ses semblables et de ne pas marcher avec insolence en précisant qu’Allah n’aime pas les insolents arrogants. Dans le verset suivant, il s’agit de l’inutilité de l’arrogance qui est un mauvais caractère et de son illusion. Il est dit qu’aussi arrogante qu’elle soit, la personne ne peut fendre la terre par sa démarche et ne peut s’élever aussi haut que les montagnes. Si malgré tout cela, dans sa fantaisie, il insiste à garder ce mauvais caractère, il doit savoir qu’Allah n’aime pas les arrogants : « Ne marche pas avec faste sur la terre, car jamais tu ne sauras la fendre ni te hausser au niveau des montagnes. » (s. Isrâ, v. 37). En réalité, marcher avec faste sur terre n’est qu’en raison des fantaisies inutiles de l’individu. Le Prophète (saw) a rappelé que l’arrogance est un mauvais caractère et que quiconque a en lui ne serait-ce qu’un grain de ce mauvais caractère ne pourra entrer au  paradis. Alors certains dirent : « Ô Envoyé d’Allah, l’humain aime avoir de beaux vêtements et de nouvelles chaussures », il rétorqua : « Allah est sans aucun doute beau, Il aime ce qui est beau. Quant à l’arrogance, c’est le fait de renier la vérité et de mépriser les autres ». (Muslim, Iman, 39). L’arrogance est définie dans les autres hadiths également comme le fait de renier la vérité, de refuser la réalité, de mépriser et de se moquer des gens. Dans ce cadre, l’arrogance est l’opposé de la modestie dans le sens qu’il signifie que « l’individu se considère supérieur aux autres et se comporte envers eux avec mépris ». Ce hadith du Prophète (saw) éclaire cette explication : « Prenez garde ! je vous annonce les gens du Paradis : ce sont les faibles et modestes. S’ils jurent par Dieu, Il les soutiendra sans aucun doute dans leur promesse. Prenez garde encore une fois ! Je vous annonce les gens de l’enfer : ce sont les trompeurs et les arrogants au cœur dur. » (Bukhârî, Adab, 61)

Comme il en a été sujet plus haut, ce n’est pas l’individu qui est au centre de la modestie et de la sincérité. Tout au long de l’histoire, les individus, les sociétés et les Etats ont vécu ensemble et dépendaient les uns des autres. En fait, ils se complètent comme les membres d’un même corps. En d’autres termes, l’un n’est pas l’alternatif de l’autre. Le lieu et la date de naissance d’un individu, sa couleur, sa race et sa langue ne dépendent pas de son choix. D’un autre coté, il est obligé de partager la même géographie, le même climat et les mêmes espaces sociaux que d’autres. Malgré toutes ces obligations et valeurs communes, il est inconcevable de comprendre comment les gens ne peuvent toujours pas se tolérer. Comment est-ce qu’ils peuvent accepter que d’autres puissent vivre dans la soif, la famine, le mépris et la misère. De plus, les bienfaits et les occasions que nous possédons actuellement ne sont pas nos acquis. Aujourd’hui c’est nous qui en profitons, demain ça sera quelqu’un d’autre. La richesse, l’argent, le statut social et autres ornements de ce monde qui nous occupent plus que nécessaire aujourd’hui, changent souvent de propriétaire et seront l’occupation de quelqu’un d’autre demain.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218