La pédagogie divine et son impact sur les compagnons du Prophète (saw) : Quelques règles pour éduquer nos enfants

Editor

lundi 5 mars 2018

La pédagogie divine et son impact sur les compagnons du Prophète (saw) : Quelques règles pour éduquer nos enfants

Dieu dit : « Et les négateurs de dire : ‘Pourquoi le Coran n’a-t-il pas été révélé au Prophète d’une seule traite ?’ Nous l’avons révélé ainsi pour raffermir ton cœur et afin qu’il soit soigneusement récité » (25 : 32)

Comprendre que la révélation du Coran s’est étalée sur une durée de 23 ans, c’est aussi comprendre que l’éducation des compagnons s’est construite sur une durée toute aussi longue. Durant ces 23 années, le Coran guidait leurs actes, leurs pensés, leurs sentiments et leur spiritualité avec constance et douceur ; le changement s’effectuait lentement mais surement. 

Si les compagnons ont atteint un si haut degré de piété et de certitude, c’est parce qu’ils ont vécu les enseignements coraniques et suivi à la lettre les pas et les directives du Prophète (saw). Comprendre que la révélation du Coran s’est étalée sur une durée de 23 ans, c’est aussi comprendre que l’éducation des compagnons s’est construite sur une durée toute aussi longue. Durant ces 23 années, le Coran guidait leurs actes, leurs pensés, leurs sentiments et leur spiritualité avec constance et douceur ; le changement s’effectuait lentement mais surement. Un changement brusque n’était pas envisageable car les compagnons étaient des êtres humains qui avaient besoin d’être éduqués, et non des machines. L’éducation des premiers compagnons a sans doute atteint son apogée le jour où la religion a atteint son point de perfection et ce, quelques mois seulement avant la mort du Prophète (saw), le jour où Dieu révéla : « Aujourd’hui, J’ai amené votre religion à son point de perfection ; je vous ai accordé Ma grâce tout entière et J’ai agréé l’Islam pour vous comme religion » (5 : 3). Lorsqu’on parle de 23 années de révélation, et donc d’éducation, on peut commencer par souligner et comprendre que l’éducation de nos enfants est un travail qui se fait sur le long terme, et que le changement se fait lentement et naturellement, en respectant des étapes bien précises.

Mais comment Dieu a-t-Il éduqué les croyants qui entouraient le Prophète (saw) ? Par quoi Dieu a-t-Il commencé cette éducation? Peut-on tirer des règles pour éduquer nos enfants ? Pour répondre à ces questions, il nous faut commencer par souligner que, durant les treize premières années de la révélation, les versets révélés traitaient de deux thèmes majeurs : la foi en Dieu et la spiritualité. Ce n’est qu’après cette longue période passée à la Mecque que les versets traitant du droit furent révélés (cette fois-ci à Médine et durant 10 ans seulement). Autrement dit, après avoir renforcé leur foi et éduqué leur cœur, Dieu prescrit des lois afin de mettre en place une société nouvelle correspondant à l’éthique de Ses serviteurs. Dieu allait dicter des lois qui seraient en parfaite harmonie avec la spiritualité et le crédo des croyants.

Construire la foi de notre enfant, c’est aussi lui expliquer, dès son plus jeune âge, que Dieu l’interrogera au sujet de ses bêtises et de ses cachotteries et qu’Il sait et voit parfaitement ce qu’il fait (même si papa et maman ne voient pas).

Il ne fait aucun doute que cette éducation « des cœurs et des esprits », qui s’est construite sur une durée de 23 ans, peut être reproduite avec nos enfants. Pour être plus pragmatique, je dirais que lorsque notre enfant vient au monde, il faut « se concentrer » durant les 13 premières années de sa vie sur sa foi en Dieu, sa foi en l’au-delà, sa spiritualité et ses valeurs morales, tout en montrant le bon exemple bien sûr. En d’autres termes, il faut s’occuper des « sentiments » de notre enfant afin que le développement de ses facultés mentales et intellectuelles se fasse de manière saine. Une fois que cette base solide est établie et bien ancrée, on peut inviter notre enfant à une « pratique » assidue et profonde de sa religion à travers les actes « obligatoires » dans un premier temps, puis à travers les actes « surérogatoires » dans un second temps. Dieu dit dans un hadith qudsî (sacré) : « Mon serviteur se rapproche de Moi en s’acquittant de ce que Je lui ai imposé. Et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que je l’aime » (Al-Bukhârî). Comme je le soulignais, l’éducation de nos enfants se construit dans le temps et par étape. En respectant la « pédagogie divine » des 23 années, il est probable que notre enfant se mette à pratiquer sa religion plus tôt que prévu et avec conviction. Je lisais dans un forum les paroles d’une femme qui disait : « Mon fils ne prie que parce qu’il a peur de moi ». Il est évident que dès la naissance de l’enfant, cette mère aurait dû prendre le temps de construire et consolider la relation de son enfant avec Dieu (en théorie et en pratique). Si l’enfant avait eu conscience de la grandeur de Dieu, de Sa générosité, de Sa miséricorde, mais aussi de Son châtiment, alors il aurait certainement eu un autre comportement. Construire la foi de notre enfant, c’est aussi lui expliquer, dès son plus jeune âge, que Dieu l’interrogera au sujet de ses bêtises et de ses cachotteries et qu’Il sait et voit parfaitement ce qu’il fait (même si papa et maman ne voient pas). Il est important que le musulman mette toutes les chances de son côté pour voir un jour son enfant prier par crainte et par amour de Dieu. Si les premières années de la révélation étaient consacrées à la relation à Dieu et au bon comportement, ce n’est sûrement pas dû au hasard !

Revenons maintenant à l’éducation des compagnons. Après 13 années passées à la Mecque, ils émigrèrent à Médine. Les versets révélés énonçaient maintenant des lois, c’est-à-dire, parlaient de prescriptions et de proscriptions. Pour ce qui est de l’éducation des enfants, il y a un lien très intéressant à faire ici entre l’ « Hégire » et l’ « âge de la puberté ». En effet, si on se réfère aux règles des fondements du droit, on apprend que pour être légalement responsable, l’enfant doit être pubère. Ce n’est qu’après la puberté, qu’il a des comptes à rendre à Dieu (ou le juge dans ce bas monde) par rapport à ce qui lui a été prescrit et proscrit. Or, l’enfant atteint l’âge de la puberté entre 10 et 14 ans selon les sexes et les époques. On voit donc ici une parfaite harmonie entre l’éducation des compagnons, qui s’est faite à travers les phases mecquoises et médinoises (23 années), et l’éducation de notre enfant qui doit nécessairement passer par des phases similaires. Autrement dit et pour récapituler : on doit se concentrer sur la foi en Dieu et la spiritualité de notre enfant jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la puberté (10 / 14 ans en moyenne), puis on doit se concentrer sur les obligations et les interdits avant de se concentrer sur ce qui est de l’ordre du surérogatoire. Telles doivent être les grandes lignes à suivre en terme d’éducation.

Mais entre l’avant et l’après puberté, il faut que les parents laissent un temps de transition pour l’apprentissage. Par exemple, il est important que l’enfant apprenne à faire sa prière à l’âge de 6/7 ans (et même avant si possible) pour qu’il devienne progressivement indépendant en atteignant l’âge de la puberté. Le Prophète (saw) a d’ailleurs tenu des propos allant dans ce sens. En effet, il a dit aux croyants d’habituer leurs enfants à accomplir la prière lorsqu’ils ont 7 ans et de se montrer plus sévère lorsqu’ils atteignent l’âge de 10 ans (rapporté par Abû Dâwûd). On peut ajouter qu’il serait important d’avoir une pédagogie similaire pour les autres piliers de l’Islam.

Autrement dit et pour récapituler : on doit se concentrer sur la foi en Dieu et la spiritualité de notre enfant jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de la puberté (10 / 14 ans en moyenne), puis on doit se concentrer sur les obligations et les interdits avant de se concentrer sur ce qui est de l’ordre du surérogatoire. Telles doivent être les grandes lignes à suivre en terme d’éducation.

Soulignons pour continuer, qu’en termes d’éducation, deux adorations fondamentales ne doivent pas être négligées. Elles doivent absolument accompagner notre enfant en parallèle de son épanouissement spirituel. Ces deux actes cultuels sont : la prière et la lecture du Coran. Pourquoi ces deux adorations en particulier ? D’abord parce qu’elles ont accompagné le cheminement des premiers compagnons (les meilleurs des musulmans) dès le début de l’Islam. Ensuite, car elles représentent les deux piliers qui permettent au croyant de consolider et de développer sa relation à Dieu, ce qui reste le plus important dans la première étape de la vie de notre enfant. Le Livre de Dieu, qui est un véritable guide pour l’humanité, influence l’âme de façon positive quelque soit la culture du lecteur, son sexe, sa couleur de peau ou son âge. Il est donc vital pour les petits, comme pour les grands, de lire le Coran, de le comprendre et surtout, de le méditer. Quant à la prière rituelle, elle a été prescrite dès les premières révélations. Il s’agit de la première pratique cultuelle instaurée par Dieu pour les hommes. Toutefois, il n’y avait pas, au début de l’Islam, les cinq prières quotidiennes que nous connaissons aujourd’hui ; pédagogie divine oblige ! Les cinq prières seront prescrites lors du voyage nocturne après 12 années de révélation (à peu près l’âge de la puberté chez l’enfant).

On pourrait maintenant me dire : très bien ! On peut effectivement éduquer notre enfant de la même manière que le Coran a éduqué les premiers musulmans, mais eux avaient la chance d’avoir à leur côté le Messager de Dieu (saw) et nous non ?! Ceci est vrai, c’est pour cela d’ailleurs, que personne ne pourra atteindre la foi, la spiritualité et l’engagement des compagnons. Nous devons toutefois remplir le cœur de notre enfant de l’amour du Prophète (saw) en parlant de son histoire, de sa vie, de sa grandeur et de son comportement. Bien plus encore, il faut avoir pour projet de se rendre avec notre enfant à Médine pour qu’il puisse observer de ses propres yeux la réalité de la grandeur du Messager de Dieu (saw). N’oublions pas qu’une fois l’âge de la puberté dépassé, le jeune enfant doit avoir toutes les cartes en main pour aimer plus que tout le Prophète (saw) et parfaire ainsi sa foi. Le Prophète (saw) ne dit-il pas : « Je jure par Celui qui tient mon âme entre Ses mains qu’aucun d’entre vous ne sera croyant tant que je ne lui serai pas plus cher que sa personne, ses enfants, ses parents et tous les gens » (al-Bukhârî) ?

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218