Aimons-nous l’exhortation ?

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jeudi 27 juillet 2017

Aimons-nous l’exhortation ?

Pourtant, un des noms du Coran est « dhikr » qui signifie exhortation et rappel (La Plume 68/52). Il définit « l’exhortation » comme la raison même de sa révélation (Jonas 10/57). De même, toujours selon l’expression coranique, le Prophète (saw) n’est qu’un « moudhakkir », c’est-à-dire un rappeleur (L’Enveloppante 88/21). Le Coran nous exhorte par la parole, le Prophète (saw) par les divers actes et états propres à l’existence humaine. Ses paroles, ses comportements, ses silences…

Aimez-vous exhorter ? Ou bien alors être exhortés ? Quelle est la place de l’exhortation dans les relations humaines ? Comment la nouvelle génération de pédagogues considère la manière dont les parents ou les plus âgés de la famille exhortent leurs enfants ? L’embarras et la réticence que nous ressentons lorsque nous nous retrouvons dans la situation de celui qui exhorte ainsi que l’agacement et la contrariété que nous éprouvons subitement lorsque nous sommes nous-mêmes exhortés montrent à quel point l’individu contemporain n’est pas en bons termes avec l’exhortation. Je ne parle pas ici du type, du lieu et de la quantité de l’exhortation (bien que chacun de ses points exige que l’on y apporte un très grand soin) ; je parle précisément ici de l’idée même d’exhortation. (Voyons le verset suivant : Al-Araf 7/79)

Alors que nous ne supportons même pas d’entendre certaines exhortations nous sommes disposés à payer cher pour en écouter d’autres. En général, tandis que nous considérons les exhortations à l’endroit de nos croyances, de nos rôles sociaux et des devoirs religieux comme une ingérence dans notre vie privée, nous dépensons des fortunes lorsqu’il s’agit de conseils professionnels qui concernent notre santé, notre carrière, la pérennité de notre mariage, la réussite de notre enfant, etc.

Pourtant, un des noms du Coran est « dhikr » qui signifie exhortation et rappel (La Plume 68/52). Il définit « l’exhortation » comme la raison même de sa révélation (Jonas 10/57). De même, toujours selon l’expression coranique, le Prophète (saw) n’est qu’un « moudhakkir », c’est-à-dire un rappeleur (L’Enveloppante 88/21). Le Coran nous exhorte par la parole, le Prophète (saw) par les divers actes et états propres à l’existence humaine. Ses paroles, ses comportements, ses silences…

Comment des Compagnons qui se relayaient à tour de rôle autour du Prophète (saw) pour ne pas manquer une seule exhortation (ici l’exhortation implique nécessairement un savoir) sommes-nous devenus les Musulmans d’aujourd’hui qui dénigrent l’exhortation et ceux qui exhortent ? Que s’est-il donc passé, par exemple, pour que l’institution de prédication destinée à exhorter les hommes soit devenue elle-même l’objet de mépris jusque parmi nous ? Pourtant, n’était-ce pas en vertu même de cette qualité de « moudhakkir » une vocation prophétique ? 

La relation qu’entretient avec notre personnalité notre attitude à l’égard de l’exhortation est sans équivoque. Les orgueilleux qui sont convaincus de posséder la science infuse et sûrs de ce qu’ils font, sont non seulement complètement réfractaires à recevoir l’exhortation mais, de surcroit, lorsqu’eux-mêmes exhortent ce n’est nullement dans l’objectif de réformer mais cela constitue, à leurs yeux, uniquement une méthode de domination. Être, à condition d’en observer les circonstances et les règles de bienséance, disposé à être exhorté et à exhorter ; telle, en revanche, est la devise de ceux qui ne sont pas en proie à l’orgueil et à la suffisance, de ceux qui accordent la primauté à leur réforme personnelle et au salut de ceux qu’ils aiment. Ce sont ceux qui briment leur égo lorsqu’ils écoutent l’exhortation et ceux qui, sur l’autel de ce pour quoi ils exhortent (la vérité), n’hésitent pas à mettre en péril leur position sociale. De ce point de vue, ils méritent tous les honneurs.

Il ne sied pas de dire : qu’importe que nous exhortions ou que nous n’exhortions pas. Car nous ne sommes pas responsables des résultats mais de l’action. « Celui qui vénère Allah et le craint pieusement Allah s’en rappellera. »  (Le Très-Haut 87/10)

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218