La place de Fatima (r.anha) dans la littérature

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mardi 24 mai 2016

La place de Fatima (r.anha) dans la littérature

Les poèmes et autres textes littéraires ayant pour sujet la biographie prophétique présentent Fatima (r.anha) comme la plus aimée et la plus proche du Prophète (saw) et ce, en raison de la valeur qu’a donnée l’Islam à la fille dans une société où ne lui était accordée aucune importance. Du fait qu’elle est la seule enfant qui ait permis la continuité de la descendance prophétique et qu’elle ait été un des cinq piliers d’ahl al-bayt (la famille prophétique), Fatima (r.anha) possède une place de grande importance dans la vie du Prophète (saw). En effet, le nom de Fatima et sa personnalité sont évoqués dans de nombreux textes et poèmes ayant pour sujet le Prophète (saw) ou ahli-bayat, et elle a aussi été le sujet principal de quelques oeuvres littéraires. Fatima (r.anha) a aussi sa place dans la littérature turque. On peut distinguer plusieurs types d’œuvre traitant de Fatima (r.anha) : les œuvres classiques, la littérature populaire des tekkes, les œuvres folkloriques, ainsi que les œuvres issues de la croyance religieuse turque. Fatima y a été décrite comme une femme musulmane exemplaire, au comportement remarquable et doté d’une grande patience, une femme attachée à son mari, à ses enfants, à sa maison et toujours à leur service. Elle a été nommée dans ces œuvres par la locution turque de son nom, Fatima ou Fadime, mais aussi Fatma Ana (la mère fatima), Fatimatuz-zahra (la resplendissante) en raison de son teint blanc, Betul(Batul) en raison de sa chasteté, Cennet Hatunu (la femme du paradis) en raison qu’elle ait été décrite comme l’une des quatre meilleures femmes du paradis. D’autres titres lui ont été accordés, tels que Kiyamet Hatunu (la femme de la fin du monde), car il est espéré qu’elle intercède en faveur des musulmans à la fin du monde ou Sayyidetu’n-nisa, la maîtresse des femmes.

Il est sujet de Fatima (r.anha) dans la partie Vefat Bahri  de nombreux mevlid (chant religieux dédié au Prophète) et plus particulièrement dans Vesiletu’n-Necat de Suleyman Celebi (Chalabi). Cette partie traite généralement de la maladie du Prophète (saw), de sa mort, de l’accueil de Fatima (r.anha) à l’arrivée de l’ange de la mort venu prendre la vie du Messager de Dieu (saw) et de sa tristesse exprimée sous forme de chant de lamentation. Très souvent se trouvent à la fin de Vefat Bahri dans les versions imprimées des mevlid les parties « Vefatu fatimati’z-Zehra radiyallahu anha » (la mort de Fatima al-Zahra qu’Allah en soit satisfait) ou « Ahval-i Fatma » (la vie de Fatima).

Une autre raison de la présence de Fatima dans les œuvres littéraires se trouve sans aucun doute dans le fait qu’elle soit la femme d’Ali (ra). En effet, cet aspect est visible dans de nombreuses œuvres traitant du soufisme et aussi dans les poèmes et plus particulièrement dans les poèmes écrits par les Alawi et Bektashi

En voici deux beaux exemples,

- De Kul himmet :

"Gül kokusu Muhammed'in teridir
Ah ettikçe karlı dağlar eritir
Hatice Fatıma Hakk'ın yâridir
Onun katarından ayırma bizi"

La sueur de Muhammad (saw) n’est que parfum de rose
Son invocation fait fondre les montagnes enneigées
Khadija Fatima est proche de Dieu
Ne nous sépare pas de sa voie

- Et d’Edib Harabi :

"Naciye fakire kemter bacıdır
Muhammed Ali'ye kuldur nâcidir
Cümle erenlerin başı tacıdır
İşte Fatımatü'z-Zehra'mız vardır"

Najiya est une sœur faible et pauvre
Celui qui est le serviteur de Muhammad Ali sera sauvé (naji)
C’est la maîtresse de tous les saints
Voilà fatimat’uz-zehra est arrivée

De même, étant donné qu’elle est la mère d’Hassan et Hussein, nous retrouvons certains passages, paragraphes, couplets et strophes traitant de Fatima, dans les maktel et mersiye (textes et chants funèbre et de lamentation écrits en la mémoire de la mort de ses deux fils), ainsi que dans d’autres œuvres ayant pour sujet l’amour d’ahli bayt (la famille prophétique).  Par exemple, le quatrième paragraphe du maktel le plus connu, Hadikatu’s-suada de Fuzuli, est consacré à Fatima (r.anha). Dans ce type d’œuvre, certains passages écrits en vers présentent les principaux événements de la vie de Fatima (r.anha). Les chants religieux (ilahi) et chants funèbres (mersiye) récités dans lesdergahs (sanctuaire soufi) durant le mois de Muharram exposent les traits principaux de sa personnalité. Le chant religieux (ilahi) écrit selon le maqam de hijaz (une structure mélodique spécifique) et attribué à Yunus Emre en est une illustration :

"Kerbelâ'nın yazıları
Şehid düşmüş bâzıları
Fatma Ana kuzuları
Hasan ile Hüseyin'dir
Kerbelâ'da eli bağlı
Âşıkların kalbi dağlı
Fatma Ana ciğer dağlı
Hasan ile Hüseyin'dir"

Les écrits de Kerbala
Certains ont été martyrs
Les amours de Fatima
Ce sont Hassan et Hussein
Leurs mains sont enchaînées
Les amoureux sont chagrinés
Le cœur de Fatima est déchiré
Ce sont Hassan et Hussein

Dans les dergahs soufis se trouve à côté de la fourrure du maître spirituel (mourchid) un four qui symbolise la personne de Fatima (r.anha). Les invocations sont faites en premier lieu au maître, puis aux 12 imams, puis à Fatima et en fin à toutes les autres stations (makam). Tout comme dans toutes les cérémonies de mariage, lorsque s’effectue l’invocation de mariage devant le mourchid, il est répété « Que le mariage de ces jeunes soit heureux tel le mariage de Fatima et Ali (r.anhum) ! ». Dans la croyance alawi-bektashi chaque membre d’ahli bayt est symbolisé par une odeur et une couleur. La couleur noire et l’odeur de la grenade quant à elles représentent Fatima (r.anha).

Il est dit dans les histoires de Dede Korkut que les femmes aux meilleurs comportements sont de la descendance d’Aïcha et de Fatima (r.anhuma).

Le culte de Fatima a une grande importance dans la culture turque. Ainsi, les femmes d’Anatolie considèrent  que Fatima (r.anha), qu’elles nomment Fatma (Fadime) Ana, apporte bénédiction (baraka) et chance. Dans de nombreuses régions d’Anatolie, quand on construit un four, on y inscrit une marque de main qui représente la main de Fatma Ana qui est censée apporter bonheur et abondance.

La main qui symbolise Al-i abâ (la famille en dessous de la cape du prophète, ashabul al-kissa en arabe) et qui est nommée «Pençe-i Âl-i abâ » se compose du pouce qui représente le Prophète (saw), l’index symbolise Ali (ra), quant au majeur, il représente Fatima (r.anha). L’annulaire et l’auriculaire symbolisent Hassan, puis Hussein (r.anhum). Ainsi, les nombreux vers ayant pour sujet les cinq membres de la famille mentionnent aussi Fatima (r.anha).

Lorsque les femmes Anatoliennes fermentent le yaourt, pétrissent la pâte, lorsqu’elles préparent letursu (légumes vinaigrés en saumure), jettent du sucre dans le four pour permettre l’abondance ou qu’elles massent le dos d’un malade, elles commencent et finissent en disant : « ma main n’est pas ma main, elle est la main de notre mère Fatima ». On peut donc affirmer qu’elle possède la croyance que la main qui symbolise la famille prophétique apporte santé. Selon une autre croyance populaire, les vieilles dames en particulier, se refusent de renverser les cendres au sol et s’interdisent de marcher dessus, car Fatima (r.anha) aurait cuit son pain sur de la cendre. Lorsqu’une femme commençait à broder des produits en dentelle ou autres, on lui disait : « Que cela te soit facilité, que ton assise soit stable, que ta main soit un oiseau ; que Khidr soit ton compagnon et que la mère Fatma soit ta voisine ! ». Lorsqu’une personne avait de bons voisins, elle priait pour eux en disant : « Qu’Allah fasse que tu sois un des voisins de notre mère Fatma ».

La sage-femme massait le dos de celle qui allait accoucher en disant à nouveau : « Ma main n’est pas main, elle est la main de notre mère Fatima » pour la rassurer et exprimer que tout allait bien se passer. De plus, on faisait boire à la femme enceinte, une tisane faite à base d’une plante nommée « la main de fatma » (Anastatica hierochuntica). Cette plante, qui ne se trouve pas en Anatolie, mais plutôt dans le désert, était alors un cadeau d’une grande valeur que les pèlerins apportaient et offraient aux femmes enceintes. Il était aussi connu que dans certaines régions, on donnait comme nom secondaire (göbek adi), le nom de Fatima.

Certaines mosquées et tekkes sont décorés de calligraphies arabes, généralement écrites dans le style celî-sulus, sur lesquelles sont inscrits aux côtés des noms des quatre califes, les noms d’Hassan, Hussein et Fatima (r.anhum).


Pour la version complète, voir : Yaşar Kandemir, Mustafa Uzun, DİA, “Fatıma”, tome 12, Türkiye Diyanet Vakfı, İstanbul 1995.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218