Dans l’Histoire, Pour l'éternité

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mercredi 28 octobre 2015

Dans l’Histoire, Pour l'éternité

“il y a certes pour vous, dans le Messager de Dieu, le meilleur des modéles pour qui désire (aspire à s’approcher de) Dieu et l’Au-delà et se souvient de Dieu intensément." 

La Révélation avait averti les compagnons comme elle en informe aujourd’hui, et pour l’éternité, les musulmanes et les musulmans à travers l’histoire des hommes et au sein de la multitude des société et des cultures: “il y a certes pour vous, dans le Messager de Dieu, le meilleur des modéles pour qui désire (aspire à s’approcher de) Dieu et l’Au-delà et se souvient de Dieu intensément (1).”L’envoyé est le maître dont on étudie les enseignements, le guide que l’on suit sur la Voie, le modéle auquel on aspire à ressembler et, surtout, l’élu dont on est invité à méditer les paroles, les silences et les actions.

Une modéle, un guide

Pendant les vingt-trois années de sa mission, Muhammad a cherché la voie de la liberté et de la libération spirituelles. Il recevait la Révélation, étape par étape, aux détours des circonstances de la vie, comme si le Trés-Haut dialoguait avec lui dans l’Histoire, pour l’éternité.

Le Prophéte L’écotait, Lui parlait, et contemplait Ses signes le jour comme la nuit, dans l’entourage chaleureux de ses compagnons comme dans la solitude du désert d’Arabie. Il priait quand le monde des Hommes dormait, invoquait Dieu quand ses fréres désespéraient, et restait patient et persévérant devant l’adversité et l’insulte quand tant d’ êtres tournaient le dos. Sa spiritualité profonde l’avait libéré de la prison du moi, et il ne cessait de voir et de rappeler les signes du Trés Rapproché aussi bien dans léoiseau qui vole que dans l’arbre qui se dresse, le crépuscule qui s’installe ou l’étoile qui brille.

Il a su exprimer et répandre l’amour autour de lui. Ses épouses furent comblées par sa présence, sa tendresse et son affection, et ses compagnons l’aimaient d’un amour intense, profond, et extraordinairement généreux. Il donnait et offrait sa présence, ses sourires, son être, et si, d’aventure, une esclave s’adressait à lui ou voulait l’emmener à l’autre bout de la ville, il allait, il écoutait, il aimait. Appartenant à Dieu, il n’était la possession de personne et offrait son amour à tous, simplement, et avec simplicité. Quand il donnait sa main à un individu qui le saluait, il ne la retirait jamais le premier, et il savait la lumiére et la paix qui peuvent jaillir dans la cœur d’un être à qui l’on offre un mot tendre qui le rassure, un nom affectueux qu’il apprécie, un réconfort auquel il aspire. Des détails, les choses de la vie: libéré de son moi, il ne négligeait le moi de personne. Sa présence était un refuge, il était l’Envoye.

À celui, paresseux, qui venait lui demander le minimum de la pratique, il répondait toujours positivement et l’invitait à user de son intelligence et de ses qualités pour comprendre, s’améliorer, et enfin se libérer de ses propres contradictions  tout en acceptant ses fragilités. Il enseignait la responsabilité sans la culpabilité, et l’exigence de l’éthique comme condition de la liberté.

Il  aimait, il pardonnait. Pas un jour ne passait sans qu’il demande pardon à Dieu pour ses propres insuffisances et ses oublis, et lorsqu’une femme ou un homme venait à lui avec le poids d’une faute, aussi grave soitelle, il recevait cette conscience et lui indiquait les voies du pardon, de l’allégement, du dialogue avec Dieu et de la protection du Trés Doux. Il couvrait les faute d’autrui aux yeux d’autrui, tout en apprenant à chacun l’impératif de l’exigence et de la discipline personnelles. À celui, paresseux, qui venait lui demander le minimum de la pratique, il répondait toujours positivement et l’invitait à user de son intelligence et de ses qualités pour comprendre, s’améliorer, et enfin se libérer de ses propres contradictions  tout en acceptant ses fragilités. Il enseignait la responsabilité sans la culpabilité, et l’exigence de l’éthique comme condition de la liberté.

La justice est une condition de la paix, et le Prophéte ne cessait de rappeler qu’il est impossible de goûter au parfum de l’équité si l’on ne sait respecter la dignité des individus. Il libérait les esclaves et recomandait que les musulmans s’y engagent de façon permanente: la communauté de foi des croyants devait être une communauté d’ êtres libres. La Révélation lui montra la voie, et il ne cessa, nous l’avons vu maintes fois, de prêter une attention particuliére aux esclaves, aux pauvres et aux laissés-pour-compte de la société. Il les invitait à affirmer leur dignité, à exiger leurs droits, et à se départir de tous complexes: le message était un appel à la libération religieuse, sociale et politique. Au terme de sa mission, dans la plaine qui se situe au pied du mont de la Miséricorde (Jabal ar-Rahman), les riches et les pauvres, les femmes et les hommes de toutes les races, de toutes les cultures et de toutes les couleurs étaient là, et ils écoutaient ce message affirmant que le meilleur d’entre les hommes l’est par le cœur que ne détermine ni la classe, ni la couleur ni la culture. “Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur pour les hommes(2)”, avait-il confié un jour. Au nom de la fraternité des hommes- en s’adressant ‘aux gens’ (an-nâs) comme il le fit lors du sermon d’adieu-, il apprenait à chaque conscience à dépasser les apparences qui pourraient parasiter son chemin vers le Juste (al-adl). Dans proximité de Dieu, rien ne pouvait justifier la discrimination, l’injustice sociale ou la racisme. Dans la communauté musulmane, un Noir appelait à la priére et un fils d’esclave dirigeait l’armée: la fois avait libéré les croyants des jugements sur les trompeuses apparences (de l’origine et du statut social) qui stimulent les passions et déshumanisent l’Homme.

Il avait écouté la voix des femmes de sa société qui, souvent, vivaient le déni de droit, l’exclusion et les mauvais traitements. La Révélation elle-même rappelle cette écouteet cette disponibilité: “Dieu a entendu les propos de celle qui discutait avec toi au sujet de son mari, au moment oû elle adressait sa plainte à Dieu. Et Dieu entendait parfaitement votre conversation. Dieu est Audient et Clairvoyant(3)”. Comme il écouta cette femme qui voulait divorcer car son mari ne lui plaisait plus: il l’entendit, entra en matiére et les sépara(4). Il reçut de même cette autre femme qui se plaignait que son pére l’avait mariée sans lui demander son avis: il était prêt à séparer le couple quand elle l’informa qu’elle était en fait satisfaite du choix de son pére, mais que sa démarche consistait à faire savoir “aux péres” “que ce n’était point leur affaire(5) ”, et qu’ils ne pouvaient agir sans demander son avis à leur fille. L’Envoyé  transmit aux femmes la double exigence de la formation spirituelle et de l’affirmation d’une féminité qui ne soit pas emprisonnée dans le miroir de regard masculin ou aliénée au sein de rapports de force ou de séduction malsains. Leur présence dans la société, dans léespace public et dans l’engagement social, politique, économique et même militaire était un donnée objective que le Prophéte, non seulement n’a jamais niée ni rejetée, mais qu’il a clairement encouragée. À la lumiére des enseignements spirituels, il les aida à s’affirmer, à être présentes, à s’exprimer et à revendiquer la vraie liberté du cœur et de la conscience. Elles avaient à la choisir par elles-mêmes et à en dessiner les contours pour elles-mêmes dans la confiance de l’Infiniment Bon.

L’Envoyé aimait les enfants, leur innocence, leur douceur et leur présence. Proche du Dieu, proche de son cœur, il restait attentif  à celles et à ceux ui d’abord comprenaient le langage du cœur. Il les embrassait, les portait sur ses épaules, jouait avec eux en allant à la rencontre de leur innocence qui, par esence, était l’expression d’une perétuelle priére à l’Infiniment Bon. Les enfants, comme les anges, sont pleinement à Dieu. Ils sont signes. L’attitude du Prophéte en était un constant rappel: ainsi, pleurs d’un bébé -qui, somme toute, priait Dieu en invoquant sa mére-, alors l’Envoyé écourtait sa priére d’adulte comme s’il s’agissait d’une réponse  à la priére de l’enfant(6). L’Envoyé avait en outre le sens du jeu, de l’innocence et de l’esthétique: les enfants lui enseignaient à entretenir ce regard toujours émerveillé sur les hommes et les éléments. Face à la beauté, il pleurait, s’émouvait et parfois sanglotait, et il était souvent envahi de bien- être par la musicalité poétique d’un vers ou par l’appel spirituel d’un verset offert par l’appel spirituel d’un verset offert par le Trés Généreux, l’Infiniment Beau.

Liberté et Amour

Au cours de ce voyage d’une vie, de cette initiation offerte à chacune des étapes d’une existence vouée à l’adoration de Dieu, le cœur entre forcément en communion avec un être, un élu, qui parcourait le chemin de sa libération et de la liberté. 

Le Prophéte est venu aux Hommes avec un Message de foi, d’éthique et d’espérance. L’Unigue y rappelle à l’humanité entiére Sa Présence, Ses exigences, et le Jour ultime de Retour et de la Rencontre. Il est venu avec un Message et pourtant, tout au lang de sa vie, il n’a eu de cesse d’écouter les femmes, les enfants, les hommes, les esclaves, les riches, les pauves comme les exclus. Il écoutait, accueillait, réconfortait. Élu parmi les Hommes, il ne cachait ni ses fragilités ni ses doutes. Au demeurant, Dieu l’a fait douter trés tôt de lui- même afin qu’il ne doutât point ensuite de son besoin de Lui, et Il lui montra la réalité de ses imperfections afin qu’il se mette en quête de Sa parfaite Grâce et demeure indulgent à l’égard de ses semblables. Il ne fut point un modéle par ses seules qualités, mais également par ses doutes, ses blessures et, parfois, ses erreurs d’appréciation que, comme nous l’avons vu, tantôt la Révélation tantôt des compagnons relevaient.

Tout, néanmoins, absolument tout dans sa vie était un instrument de renouveau et de transformation: du moindre détail aux plus grands événements qui ont jalonné son existence, l’observateur, le fidéle, le croyant, tire des enseignement et s’approche de l’essence du message et de la lumiére de la foi. Le Prophéte priait, méditait, se transformait et transformait le monde. Guidé par Son Éducateur, il résistait au pire de soi et offrait le meilleur de son être parce que tel était le sens du jihâd, tel était le sens de l’injonction appelant à “promouvoir le bien et à prévenir le mal”(7). Sa vie était la personnification de cet enseignement.

Au cours de ce voyage d’une vie, de cette initiation offerte à chacune des étapes d’une existence vouée à l’adoration de Dieu, le cœur entre forcément en communion avec un être, un élu, qui parcourait le chemin de sa libération et de la liberté. Non point seulement la liberté de penser ou d’agir, pour laquelle il s’était d’ailleurs battu avec dignité, mais la liberté de l’ être qui s’est liberté de penser ou d’agir, pour laquelle il s’était d’ailleurs battu avec dignité, mais la liberté de l’ être qui s’est libéré de ses attachement aux émotions superfcielles, aux passion destructrices ou aux dépendances aliénantes. Tous l’ont aimé, chéri et respecté, car il avait l’exigence d’une spiritualité qui lui permettait de transcender son ego, de faire don de soi et, à son tour, d’aimer sans être lié. Un amour divin sans dépendance humaine. Il était soumis et libre. Soumis dans la Paix du Divin et libre des illusions del’humain. Il avait dit un jour à l’un de ses compagnons le secret du véritable amour des Hommes:  “Éloigne-toi de (N’envie point) ce que le shommes aiment et les hommes t’aimeront.(8)”, et Dieu lui avait inspiré l’autre chemin de l’Amour prolongeant cet amour: “Mon serviteur ne cesse de s’approcher de Moi par des dévotions librement décidées jusqu’ à ce que Je l’aime; et lorsque Je l’aime, Je suis l’ouïe par laquelle il saisit, et le pied avec lequel il marche(9).” L’Amour de Dieu offre le don de la proximité et du dépassement de soi. L’Amour de Dieu est un Amour sans dépendance, un Amour qui libére et qui élève. Alors, dans l’expérience de ce rapprochement, se manifeste en l’ être la présence de l’ Être, du Divin.

Il était l’aimé de Dieu et un exemple parmi les Hommes. Il priait, il contemplait. Il aimait, il donnait. Il servait, il transformait. Le Prophéte était cette lumiére qui méne à la Lumiére et dans la proximité de sa vie, le croyant revient à la Source de la Vie et trouve Sa lumiére, Sa chaleur et Son amour. 

Il avait suivi un chemin et s’était arrêté en différents lieux: l’appel de la foi, l’exil, le retour, puis enfin le départ vers la Demeure premiére, le dernier Refuge. Il y avait eu une initiation et ses différentes étapes que Dieu avait accompagnées de Son amour et fait accompagner de l’amour des Hommes. Le Prophéte portait un message universel, autant par cette expérience de l’amour qui travers asa vie que par cette exigence d’une éthique qui transcendait les clivages, les appartenances et les identités recroquevillées. Il rappelait aux Hommes l’impératif d’une éthique universelle à laquelle ils devaient être loyaux d’abord au-déla de toutes appartenances partisanes. Telle était au fond la vraie liberté de l’ être qui aime avec justice et qui ne se laisse pas emprisonner par ses passions raciales, nationalistes ou identitaires: son amour illuminant son sens éthique le rend bon; son sens éthique orientant ses amours le rend libre. Profondément bon parmi les Hommes et extraordinairement libre à leur égard, telles étaient les deux qualités que tous les compagnons ont reconnues chez le dernier Prophéte.

Il était l’aimé de Dieu et un exemple parmi les Hommes. Il priait, il contemplait. Il aimait, il donnait. Il servait, il transformait. Le Prophéte était cette lumiére qui méne à la Lumiére et dans la proximité de sa vie, le croyant revient à la Source de la Vie et trouve Sa lumiére, Sa chaleur et Son amour. L’Envoyé a quitté les hommes et, pour l’éternité, il leur a enseigné de ne jamais L’oublier, Lui, le Suprême Refuge, le Témoin, le Trés Rapproché. Attester qu’il n’est de dieu que Dieu, c’est au fond se mettre en route vers la profonde et authentique liberté; reconnaître Muhammad comme l’Envoyé, c’est apprendre à L’aimer en Sa Présence. Aimer, et apprendre à aimer. Dieu, le Prophéte, la Création et l’Humanité.

 


 

[1]     Coran, 33, 21.

[2]     Hadîth rapporté par al-Bayhaqî.

[3]     Coran, 58, 1.

[4]     Plusieurs femmes vinrent le voir pour demander le divorce (khul) comme notamment, Jamîla bint Ubayy ibn Salul, Habîba bint Sahl al-Ansaria, Barîra, ou encore la femme de Thâbir ibn Quays. Dans ce dernier cas, Ibn Abbâs rapporte que la femme de Thâbit vint voir le Prophéte et affirma qu’elle n’avait rien à lui reprocher en matiére de religion, mais qu’elle ne voulait point être coupable d’une infidélité concernant l’İslam. Le Prophéte lui demande si elle était prête à rendre jardin (qu’elle avait reçu comme douaire), et elle accepta. Le Prophéte demanda à Thâbit d’accepter la séparation (hadîth rapporté par al-Bukhârî).

[5]     Il s’agit d’un hadîth rapporté par Ahmad. Dans un autre hadîth rapporté par al-Bukhârî, an-Nasâ’î et Ibn Mâjah, il est indiqué que le Prophéte a tout simplement annulé un mariage établi sans le consertement de la femme.

[6]     “Parfois, avait dit le Prophéte, je me prépare à la priére avec l’intention de la faire durer mais lorsque (au cours de celle-ci) j’entends les pleurs d’un enfant, je l’écourte par crainte de causer du désagrément à sa mére.”( hadîth rapporté par Abû Dâwud).

[7]     “Al-amr bil-ma’ ruf wa an-naby’ an al-munkar.”

[8]     Hadîth rapporté par Ibn Mâjah.

[9]     Hadîth rapporté par al-Bukhârî.

 

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218