Comment le Prophète (saw) enseignait-il le Coran à ses épouses ?

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lundi 4 décembre 2017

Comment le Prophète (saw) enseignait-il le Coran à ses épouses ?

Les arabes de l’époque prophétique n’écrivaient pas, mais mémorisaient. Ils étaient de culture orale et ne faisaient que peu confiance à l’écriture. Le Prophète (saw) a donc transmis le Coran oralement à ses compagnons, qui ne possédaient pas de copie du Coran, mais des notes. Il leur récitait les versets révélés et ils les répétaient derrière lui. Les versets du Coran ont ainsi été révélés progressivement sur une période de 23 ans. Le Prophète (saw) avait aussi des scribes qui écrivaient officiellement le Coran sur des supports de fortune. Bien que ces scribes fussent tous des hommes désignés par le Prophète (saw), cela n’empêchait pas les autres compagnons, hommes ou femmes, d’écrire les versets mémorisés (sur le plan individuel), s’ils avaient des aptitudes dans l’écriture. On remarque d’ailleurs qu’ils y ajoutaient parfois des notes personnelles. Lorsque ‘Umar se rendit chez sa sœur Fâtima pour l’interroger sur sa conversion à l’Islam, on rapporte qu’il la frappa et que celle-ci fit tomber un feuillet sur lequel des versets étaient écrits. Elle se trouvait à ce moment-là avec son mari et quelques compagnons qui avaient quitté les lieux en voyant ‘Umar arriver.

Quant aux épouses du Prophète (saw), trois d’entre elles se distinguèrent par leur mémorisation et leur compréhension du Coran : ‘Â’isha, Hafsa et Umm Salama. Elles apprirent le Coran auprès de leurs proches avant de rejoindre la demeure du Prophète (saw). Comme les autres femmes, elles faisaient l’effort (nécessaire lors de l’apprentissage) d’aller écouter le Coran récité par le Prophète (saw).

Intéressons-nous maintenant aux femmes de l’époque. On remarque qu’elles apprenaient le Coran par des voies diverses. La voie la plus connue, et en même temps la plus simple, était d’apprendre par le biais du père, du frère, du mari ou d’un des membres proches de la tribu. Cette voie était peut-être privilégiée dans la période mecquoise, puisque les musulmans étaient persécutés, et le Prophète (saw) étroitement surveillé. La sécurité des croyants devait s’organiser et le Prophète (saw) n’incitait pas ses compagnons à mettre leur vie en péril. A la Mecque, le Prophète (saw) transmettait le Coran en retrouvant secrètement ses compagnons dans la demeure du jeune al-Arqam, qui se trouvait dans le quartier des Banî Makhzûm, un clan très hostile à l’Islam. Est-ce que des femmes auraient aussi rendu visite au Prophète (saw) dans la demeure du jeune garçon ? C’est possible, mais cela dut se faire de façon exceptionnelle, pour des raisons de sécurité évidentes.

A Médine, la transmission du Coran se fit plus aisément, car les musulmans étaient libres. Il y eut alors de nouvelles voies de transmission comme la mosquée. On rapporte qu’une des filles de Hâritha b. al-Nu‘mân réussit à mémoriser la sourate « Qâf » dans son intégralité, à force d’écouter le Prophète (saw) la psalmodier chaque vendredi dans son sermon (muslim, n°873). Comme les femmes priaient aussi dans la mosquée du Prophète (saw), il est probable que plusieurs d’entre elles aient mémorisé une partie importante du Coran en écoutant quotidiennement le Prophète (saw) le psalmodier dans sa prière. Les croyants et les croyantes apprenaient donc par cœur des versets, sans forcément les classer immédiatement. L’agencement ne se faisait que plus tard par l’intermédiaire du Prophète (saw), puisque le Coran n’avait pas été intégralement révélé. Cela permettait ainsi de mémoriser progressivement, tout en se concentrant sur l’essentiel : la réforme individuelle. Nous savons aussi que le Prophète (saw) consacrait des journées exclusivement aux femmes, afin de leur enseigner ce que Dieu lui avait révélé. Lors de ces rencontres, il ne répondait pas seulement à des questions juridiques propres à la gente féminine, mais faisait aussi des exhortations. Sans doute leur transmettait-il à cette occasion (par voie orale) des versets, puisque les deux sources de l’islam à cette époque étaient le Coran et la tradition prophétique (sunna).

Quant aux épouses du Prophète (saw), trois d’entre elles se distinguèrent par leur mémorisation et leur compréhension du Coran : ‘Â’isha, Hafsa et Umm Salama. Elles apprirent le Coran auprès de leurs proches avant de rejoindre la demeure du Prophète (saw). Comme les autres femmes, elles faisaient l’effort (nécessaire lors de l’apprentissage) d’aller écouter le Coran récité par le Prophète (saw). Ayant l’avantage de la proximité, on pense qu’elles faisaient partie des femmes qui avaient le plus et le mieux mémorisé les versets du Coran. Certains indices nous permettent aussi de supposer qu’elles surveillaient de près la transmission écrite du Coran. On rapporte qu’un jour,‘Â’isha demanda à son esclave affranchi, Abû Yûnus, de lui écrire un Coran et de l’appeler lorsqu’il arriverait au verset 238 de la sourate 2 (La vache) : « Soyez assidus aux prières, notamment à la prière médiane ! » Lorsqu’il arriva à ce verset, ‘Â’isha lui fit ajouter « Et la prière de la fin d’après-midi (‘asr) » en disant : « J’ai entendu cela [de la bouche] du Prophète (saw) » (Muslim, n°629). Notons aussi qu’après la mort du calife ‘Umar, le Coran fut gardé et préservé dans la demeure de sa fille Hafsa, ce qui n’est pas anodin.

Il ne fait aucun doute que le Prophète (saw) encourageait les croyants et les croyantes à mémoriser le Coran. Toutefois, le plus important pour lui était de voir ces derniers purifier leur cœur et réformer leurs actes (en suivant la révélation). Le Prophète (saw) était avant tout un avertisseur (nadhîr) et un annonciateur de bonnes nouvelles (bashîr). A cette époque, les musulmans mémorisaient (principalement) le Coran pour les objectifs suivants : le transmettre aux absents, adorer Dieu de façon convenable et comprendre et suivre la guidée révélée. L’objectif était de consolider la foi et de vivre selon l’éthique universelle révélée.

Il n’y avait donc pas seulement un travail de mémorisation du Livre sacré, mais aussi une lutte quotidienne contre son égo, afin d’acquérir une compréhension profonde et sincère du texte coranique.

Le travail de transmission du Coran, avec toute cette dimension, se faisait au niveau de l’éducation des enfants et à travers la vie en couple, c’est-à-dire au niveau de la structure familiale de l’époque, qui était le clan ou la tribu. Ces couples et ces familles épanouis par la lumière du Coran mettaient au monde des enfants qui grandissaient à travers cette même lumière.‘Urwa b. al-Zubayr n’atteignit pas un tel degré de piété et de savoir seul : il fut éduqué par sa mère Asmâ’, fille d’Abû Bakr, ainsi que par sa tante ‘Â’isha, épouse du Prophète (saw). Il ne s’agissait pas de transmettre uniquement un savoir, mais aussi des valeurs élevant l’âme. Le travail de transmission du Coran se faisait également à l’échelle de l’Etat, mais il s’agit là d’un autre sujet encore.

Il n’y avait donc pas seulement un travail de mémorisation du Livre sacré, mais aussi une lutte quotidienne contre son égo, afin d’acquérir une compréhension profonde et sincère du texte coranique. Cette compréhension permettait à l’individu de cheminer vers Dieu et de soumettre son cœur aux prescriptions divines. ‘Â’isha ne s’attardera pas sur la bonne mémorisation du Prophète (saw). L’histoire retiendra surtout ses propos décrivant le Prophète (saw) : « Il était comme un Coran qui marche ».

Comment appliquer le modèle prophétique au sein de notre famille, pour la question de la mémorisation du Coran ? Lorsqu’on a un projet aussi noble, alors les priorités doivent être bousculées. L’avenir du couple, ainsi que de la famille, doit s’inscrire et se construire dans le cadre de ce projet, et tout doit être mis en œuvre pour arriver à cet objectif. Les vacances ne doivent par exemple plus être qu’un simple moment de détente (physique et psycologique). Ils doivent être exploités et conçus afin de mémoriser une partie du Coran et nourrir le cœur spirituellement. La destination doit donc être choisie en fonction de cette nouvelle priorité. Pour ce qui est de la vie de tous les jours, le musulman doit mémoriser et assimiler les versets petit-à-petit, jour après jour, avec constance et persévérence. Il doit patienter et ne jamais penser que la mission est impossible pour lui. Le Prophète (saw) n’a-t-il pas commencé à 40 ans ? Cet apprentissage ne lui a-t-il pas pris 23 ans ? L’essentiel est de s’inscrire dans cette dynamique et de quitter ce monde en faisant partie de ceux dont le cœur était lié au Coran ; Dieu jugera les hommes selon leurs intentions. Il s’agit aussi de méditer les versets révélés et d’en discuter en famille (ou en couple) autour d’un bon repas après l’école ou le travail. Pourquoi pas parler de Marie et de sa piété ? Pourquoi pas comparer sa patience à la notre ? Pourquoi pas essayer de comprendre comment Marie a réussi à atteindre un si haut degré auprès de Dieu ? Il s’agit aussi de se fixer des objectifs, en termes de cheminement spirituel, afin de peut-être devenir à son tour semblable à un Coran qui marche. Pourquoi pas se dire : l’année 2018 sera l’année de la patience (sabr) et de la gratitude (shukr) pour moi ? Pourquoi pas travailler chaque année plusieurs caractères à la lumière de notre apprentissage du Coran ? Cela permettrait ainsi de s’imprégner du Coran.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218