11 - L’exil en Ethiopie

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11 - L’exil en Ethiopie

Comme il a été évoqué brièvement plus haut, au fur et à mesure que l’Islam se diffusait dans la Mecque, les polythéistes durcissaient leurs positions contre les Musulmans et, à leurs réactions verbales s’ajoutaient désormais leurs interventions physiques. Profondément attristé et impuisant face aux souffrances et à l’oppression auxquelles étaient soumis ses Compagnons, le Messager d’Allah (saw) recommanda aux Musulmans de se rendre en Ethiopie, terre où ils pouvaient pratiquer leur religion en toute quiétude et sans craindre pour leur vie. Le Négus, roi chrétien d’Ethiopie, était un souverain juste et loyal envers ses sujets. À cet égard, le Prophète (saw) fit à ses Compagnons la recommandation suivante : “Si vous le souhaitez, rendez vous en Ethiopie. Car, là-bas, règne un monarque sur un pays où nul n’est opprimé ni lésé. C’est un pays de justice et de loyauté. Demeurez-y jusqu’à ce qu’Allah vous accorde son assistance”. Sur ces recommandations, un convoi constitué de onze hommes et de quatre femmes quitta, en l’an 615, le port de Chouayba en direction de l’Ethiopie. Dans ce convoi, se trouvaient des personnalités éminentes du point de vue de l’histoire de l’Islam tels qu’Othman et son épouse Roukiyya, fille du Messager d’Allah, Zoubayr b. Awwam, Mous’ab b. Oumayr, Abdourrahman b. Awf, Abou Salama et son épouse OummSalama. Cet évènement dont l’importance réside dans le fait qu’il correspond au premier exil dans l’Islam fut l’occasion pour le Messager d’Allah (saw) d’établir les premiers contacts avec l’Afrique dès les premières années de sa mission prophétique. Un an plus tard, les faits rapportés par Othman après son retour démontrèrent que les Musulmans avaient reçu un bon accueil. De ce fait, un second grand convoi prit le départ pour l’Ethiopie sous la direction de Jafar b. Abou Talib. Par conséquent, le nombre de ceux qui y émigrèrent atteignit 108. Les Qurayshites, constatant le nombre sans cesse croissant des Musulmans, dépêchèrent en Ethiopie une délégation dont la mission était de demander l’extradition des arrivants. Afin d’entendre les deux parties, le Négus fit venir les représentants de la délégation musulmane. C’est Jafar b. Abou Talib qui s’adressa au Négus au nom des Musulmans exilés en Ethiopie. Ses propos revêtent de l’importance car ils reflètent la transformation qui caractérisa les premiers interlocuteurs de l’Islam. Il s’exprima ainsi: “O monarque, nous étions un peuple vivant dans l’ignorance et l’immoralité, nous adorions des idoles, mangions la chair des cadavres d’animaux et nous nous livrions à la débauche. Nous brisions les liens de parenté, maltraitions notre voisinage, le plus fort d’entre nous opprimait le plus faible.Jusqu’au jour où Allah nous envoya un Prophète de notre peuple dont nous connaissions la loyauté et la châsteté et en qui nous avions confiance. Il nous appela à adorer uniquement Allah et à abjurer les idoles. Il nous a enjoints d’honorer notre parole, d’être aimables envers nos familles, nos proches et nos voisins, de cesser tout acte illicite, de s’abstenir de verser le sang, d’éviter l’indécence et la calomnie et de ne pas s’approprier les biens des orphelins. Et nous avons cru en lui”. Le Négus, après avoir entendu les deux parties, refusa la demande d’extradition.

Les Musulmans demeurèrent en Ethiopie un certain temps. Trente-trois personnes parmi les réfugiés d’Ethiopie retournèrent à la Mecque au terme du boycott de Chi’b Abou Talib (620) qui sera évoqué plus bas. Pour le reste des réfugiés d’Ethiopie, ils rejoignirent Médine de leur propre chef, une partie juste après l’exil, et le dernier convoi l’an 7 de l’Hégire (628). Entre temps, les Qurayshites envoyèrent après la bataille de Badr une autre délégation afin de demander l’extradition des Musulmans, le Négus, comme la première fois, déclina leur demande. 

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218