Hind Bint Abu Umayya - Umm Salama (r.anha)

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Hind Bint Abu Umayya - Umm Salama (r.anha)

Umm Salam (r.anha) des Banu Makhzum et son mari furent tous deux parmi le premier groupe de musulman, constitué de onze hommes et quatre femmes, à effectuer l’hégire en destination de l’Abyssinie durant la cinquième année de la prophétie (615).

Son vrai nom était Hind bint Abu Umayya. Son patronyme (kunya) Umm Salama lui a été donné de part son premier enfant, Salama. Son père appartenait à la tribu des Banu Makhzum et se nommait Hudayfa (ra).  Quant à sa mère, elle se nommait ‘Atika bint Âmir al-Kanani. Sa généalogie rencontre celle du Prophète (saw) au septième degré d’ascendance.  Il nous est possible d’affirmer, du fait du statut des Banu Makhzum à l’époque prophétique, qu’Umm Salama (r.anham) grandit dans une famille riche, respectable, notable, cultivée et de haut rang.

Dans la société arabe le mariage s’effectuait avec des personnes de même rang social. C’est pour cette raison qu’Umm Salama (r.anha) s’était auparavant marié avec Abdullah bin Abd al-Asad (ra) qui appartenait à la même tribu qu’elle. De cette union naquirent Salama, Omar, Durra et Zaynab.

Umm Salama ainsi que son mari firent tous deux parties des premiers à embrasser l’Islam. Au début de la prédication ouverte, les violences, les pressions et les tortures à l’encontre des musulmans les plus faibles, des vulnérables, des pauvres et des esclaves débutèrent.  Les Mecquois n’hésitèrent pas à torturer même les membres de leur propre tribu qui s’étaient convertis à l’Islam. Lorsque le Prophète (saw) autorisa les compagnons victimes de violences et d’injustice à entreprendre l’hégire vers l’Abyssinie, les musulmans les plus touchés commencèrent tous à émigrer. Umm Salama (r.anha) des Banu Makhzum et son mari furent tous deux parmi le premier groupe de musulman, constitué de onze hommes et quatre femmes, à effectuer l’hégire en destination de l’Abyssinie durant la cinquième année de la prophétie (615).

Ayant entendu que « les Mecquois avaient embrassé l’Islam », ils retournèrent à La Mecque. Ils apprirent, une fois arrivé à proximité de La Mecque, que cette information était erronée. Certains entrèrent alors discrètement dans la ville et d’autres demandèrent la protection (amân) avant d’y pénétrer. Abu Salama et Umm Salama (r.anhum) eurent la possibilité d’entrer dans la ville sainte sous la protection de l’oncle du Prophète (saw), Abu Talib. Un deuxième groupe constitué de 83 musulmans et 18 musulmanes décida d’émigrer vers l’Abyssinie lorsque débuta le blocus à l’encontre des croyants lors de la septième année de la prophétie (617). Umm Salama (r.anha) et son mari se trouvèrent à nouveau parmi ce deuxième groupe qui émigrait vers l’Abyssinie.

Le blocus prit fin durant la dixième année (620) de la prédication de l’Islam. Une partie des Muhajir ayant effectué l’Hégire en Abyssinie retournèrent à La Mecque une fois le blocus levé. Quelques personnes restèrent sur place. Umm Salama et son mari furent parmi ceux qui retournèrent dans leur ville d’origine.

Abu Salama (ra) eut l’autorisation d’émigrer vers Médine environ un an avant le premier pacte d’Aqaba. Il entreprit tous les préparatifs nécessaires à ce long voyage. Il prépara un chameau pour sa femme Umm Salama (r.anha) et ses enfants. Une fois toutes les préparations achevées, ils prirent la route vers Médine, Salama voyagea dans les bras de sa maman. Mais certains membres de la famille et de la tribu d’Umm Salama leur coupèrent la route et les empêchèrent d’émigrer. Ils affirmèrent qu’Abu Salama pouvait partir, mais qu’Umm Salama et les enfants devaient rester. Après de longues discussions et débats acharnés, Umm Salama fut contrainte par sa tribu de se séparer de son mari et ils prirent les enfants avec eux. Umm Salama (r.anha) raconta la suite des événements : « Mon mari Abu Salama partit pour Médine. Je fus séparée de mon mari et de mes enfants. Durant environ un an, je partis tous les matins au mont Safa, à l’endroit que l’on nomme Atbah, je me tournais vers la Kaaba et maudissais les membres de ma famille. Je restais et les maudissais tout en pleurant jusqu’à que la nuit tombe ou rentrait peu avant. Jusqu’au jour où un membre de ma famille des Banu Mughîra vit ma situation et s’attrista. Il partit alors dire à son clan : « Vous avez séparé cette femme de son mari et de son fils. Pourquoi ne la libérez-vous pas ? ». Les Banu Mughîra me permirent alors de retourner chez mon mari et me rendirent mon fils Salama » .

Après la mort de son mari, Abu Bakr (ra) puis Omar (ra) transmirent tous deux une demande de mariage à Umm Salama (r.anha), mais, elle refusa sous prétexte qu’elle désirait se concentrer uniquement sur l’éducation de ses enfants et passer tout son temps avec eux.

Une fois installée à Médine, elle vécut une vie heureuse en compagnie de son mari. Elle se concentra sur l’éducation de ses enfants. Son mari Abu Salama (ra) participa à la Bataille de Badr, puis d’Uhud, durant laquelle il fut blessé du bras par une flèche tirée par Abu Oussama. Il fut soigné durant un mois, sa plaie se referma et il crut pendant un moment en avoir été rétabli. Une information selon laquelle les Banu Khuwaylid de la tribu de Bani Sa’îd se préparaient à attaquer la cité de Médine se mit à circuler. Le Prophète (saw) mit sur pied une armée de 150 hommes constituée des Ansar et des Muhajir et désigna Abu Salama (ra) comme commandant et l’envoya au combat. Abu Salama (ra) se soumit aux ordres et partit. Ils arrivèrent jusqu'au plan d’eau de Qatan dans la région de Fayd. Bien qu’il n’y ait pas eu de grandes batailles, ils retournèrent de cette expédition, victorieux et en possession d’un grand butin.  Lors de cette opération militaire, sa blessure au bras qui semblait être guérie s’ouvrit à nouveau et il perdit beaucoup de sang. Le Prophète (saw) lui rendit visite alors qu’il était sur le point de perdre la vie. Abu Salama (ra) rendit l’âme alors que le Messager (saw) priait pour lui.  L’Envoyé de Dieu (saw) fut très attristé de la mort de son compagnon et dirigea lui-même sa prière mortuaire.

Après la mort de son mari, Abu Bakr (ra) puis Omar (ra) transmirent tous deux une demande de mariage à Umm Salama (r.anha), mais elle refusa sous prétexte qu’elle désirait se concentrer uniquement sur l’éducation de ses enfants et passer tout son temps avec eux. Sur quoi, le Prophète (saw) lui fit savoir son désir de se marier avec elle en lui envoyant un intermédiaire. Umm Salama (r.anha) refusa à nouveau et déclara à la personne que le Prophète (saw) avait envoyée qu’elle ne pouvait accepter car elle était âgée, jalouse et qu’elle possédait des enfants et n’avait plus aucun membre de sa famille qui puisse être témoin le jour de son mariage. Ce sur quoi le Prophète (saw) répondit : « Tu dis être âgée, je le suis plus que toi. Tu as dit être jalouse, j’implorerai Allah pour qu’Il dissipe cela de toi. Quant à la responsabilité de tes enfants, elle appartient dorénavant à Allah et à Son Messager.  Je ne pense pas que tes proches présents ou absents s’opposeraient à ce mariage ». Après ces paroles, Umm Salama (r.anha) se maria avec le Prophète (saw) durant le mois de Chawwal de la septième année de l’Hégire. Elle fut ainsi l’épouse du Prophète (saw) durant sept ans, mais n’eut aucun enfant de lui.

Le Prophète (saw) avait pour tradition de partir aux expéditions militaires accompagné de deux ou trois de ses épouses. Lorsqu’il prévoyait de partir avec seulement l’une d’elles, il tirait au sort pour savoir, laquelle serait à ses côtés. Umm Salama (r.anha) fut présente en l’an 5 de l’hégire, en compagnie du Messager (saw), à la Bataille de Khandaq et à l’expédition de Muriya, de Banu Mustaliq et de Dumah al-Jandal. Elle participa ensuite, en l’an 7, à la conquête de La Mecque et de Khaybar, puis à la Bataille de Hunayn et au siège de Taif.

En l’an 6 de l’Hégire, le Prophète (saw) ainsi que 1400 compagnons prirent la route vers La Mecque afin d’effectuer la Omra (petit pèlerinage) et visiter la Kaaba. Les Quraychites avaient décidé d’empêcher l’entrée des musulmans coûte que coûte. Le Messager (saw) envoya Othman (ra) en tant qu’émissaire pour les informer qu’ils venaient uniquement pour effectuer le pèlerinage. Plus tard, les musulmans signèrent le Traité de Paix de Hudaybiya avec les représentants mecquois. Certaines des clauses de cet accord semblaient, au premier abord, en défaveur des musulmans. En effet, le traité indiquait que les musulmans ne pouvaient pas effectuer le pèlerinage cette année et qu’ils seraient uniquement autorisés à venir l’année suivante et seulement pour trois jours, il leur serait cependant interdit d'entrer en contact  quelconque avec les Mecquois. L’accord stipulait aussi que les Mecquois ne pourraient plus passer du côté des musulmans sans avoir eu l’accord de leur tuteur et qu’en cas contraire, cette personne serait renvoyée à La Mecque. Par ailleurs, si une personne de Médine se réfugiait à La Mecque, elle ne serait pas rendue aux musulmans. La grande majorité des compagnons furent frustrés par les conditions de ce traité. L’Envoyé de Dieu (saw) ordonna à ceux qui l’entouraient de se couper les cheveux et de sacrifier leurs bêtes. Tous refusèrent de s’exécuter. Il répéta trois fois sa demande, mais ils restèrent indifférents. Cela attrista énormément le Prophète (saw). Confus et désespéré, le Messager (saw) retourna à la tente de sa femme Umm Salama (r.anha). Umm Salama (r.anha) remarqua par ses gestes et par les traits de son visage qu’une chose inhabituelle s’était déroulée. Elle demanda alors ce qui s’était passé et le Messager (saw) lui expliqua ce qui venait d’arriver. Elle lui conseilla alors : « Ô Messager de Dieu ! Il est préférable que vous le mettiez en pratique, plutôt que vous l’ordonniez, cela serait meilleur que de vivre ce désagrément. Sortez et effectuez ce que vous attendez d’eux sans rien dire, coupez vos cheveux et effectuez le sacrifice. Ils vous obéiront sûrement ! » Le Prophète (saw) suivit le conseil de sa femme, il sortit de la tente et sacrifia les bêtes qu’il avait apportées de Médine. Les compagnons se dirigèrent alors vers l’Envoyé de Dieu (saw) et effectuèrent le sacrifice. Ainsi, à l’instar de Khadija bint Khuwaylid (r.anha) qui avait calmé, consolé et rassuré le Prophète (saw) lorsqu’il avait été très inquiété et troublé lors de la première révélation, Umm Salama (r.anha) sut réconforter le Messager (saw) et fut de bon conseil dans la résolution de ce problème.

Umm Salama fut présente en l’an 5 de l’Hégire, en compagnie du Messager (saw), à la Bataille de Khandaq  et à l’expédition de Muriya, de Banu Mustaliq et de Dumah al-Jandal. Elle participa ensuite, en l’an 7, à la conquête de La Mecque et de Khaybar, puis à la Bataille de Hunayn et au siège de Taif.

À la mort du Messager (saw), Umm Salama (r.anha) ne participa à aucune activité politique ou administrative et conserva son rang élevé et respectable au sein de la société jusqu’à la fin de sa vie. Elle conseilla le calife Othman bin Affan (ra) lors des troubles qui ont eu lieu durant la deuxième période de son califat ; elle tenta d’empêcher Aisha (r.anha) lorsqu’elle avait décidé de marcher sur le calife Ali bin Abu Talib (ra) afin qu’il punisse les meurtriers du calife Othman (ra) ; et lorsqu’elle entendit que des propos insultants avaient été prononcés à l’égard d’Ali bin Abu Talib durant le califat de Muawiya, elle mit en garde Muawiya (ra) qu’elle considérait responsable et l’informa que cette pratique était inacceptable.

Umm Salama (r.anha) est morte à l’âge de 84 ans à Médine, où elle fut enterrée, au cimetière de Janna al-Baqi. Elle fut ainsi la dernière des épouses du Prophète (saw) à quitter ce monde.

Les sources indiquent qu’à l’avènement de l’Islam, seules 17 personnes savaient lire et écrire et parmi elles se trouvait l’ex-mari d’Umm Salama, Abu Salama (ra). Il a aussi été rapporté qu’Umm Salama (r.anha) savait lire, mais pas écrire. Le fait qu’Umm Salama (r.anha) sache lire, dans une société où très peu de personnes en sont capables, souligne ce caractère exceptionnel d’Umm Salama (r.anha). Elle fut, de plus, considérée, durant la période islamique, comme l’une des femmes fakih (juriste) capable d’émettre des fatwas (avis juridique). Il a été rapporté que le verset 195 de la sourate Al-i Imran, le verset 32 de la sourate Al-Nisa et le verset 35 de la sourate al-Ahzab furent tous révélés à la suite d’interrogations émises par Umm Salama (r.anha).

De nombreuses personnes, mais principalement ses enfants et ses esclaves affranchis, ont transmis les hadiths rapportés par la mère des croyantes. Au total, 157 personnes, dont 126 hommes et 31 femmes, ont transmis ses hadiths. Parmi ces hadiths, ceux qui se trouvent dans les recueils authentiques traitent généralement de l’adoration, de la bienséance (adab) et du droit (ahkam).


La revue du Diyanet, juin 2010

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218