L’adoration dans l'Islam

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vendredi 22 avril 2016

L’adoration dans l'Islam

Il est important de ne pas oublier que le droit de définir le statut d’adoration d’une pratique, ainsi que leurs formes et leurs conditions, appartient exclusivement à Allah et à Son envoyé.

La définition de l’adoration (ibada)

L’adoration (‘ibada) signifie littéralement « l’obéissance, la soumission, l’humilité, l’adoration, le culte, la vénération et la servitude ». Son sens terminologique, dans le domaine de la religion, est : les pratiques et les conduites effectuées dans l’objectif de montrer notre amour, respect et obéissance envers Allah (awj), et gagner Sa satisfaction.

Tandis que le terme ‘ubudiyya, très souvent employé au côté de l’adoration dans les sources islamiques, a pour sens : la conscience de sa servitude à Allah, qui s’illustre par le sentiment de vivre à chaque instant dans le respect et l’obéissance à l’égard de son créateur. Alors que l’ibada fait plutôt référence à certaines pratiques bien précises, le terme ‘ubdiyya reflète davantage les aspects moraux et spirituels. Ainsi, hormis les pratiques définies précisément par la religion, toutes les pratiques effectuées afin d’accéder à la satisfaction d’Allah possèdent le statut d’adoration et seront rétribuées. Dans le droit musulman (fiqh), les juristes se concentrent majoritairement sur les règles concernant la pratique des adorations, tandis que les soufis, eux, se focalisent plutôt sur l’aspect intérieur (batin), le sens et l’essence du culte religieux. Ils considèrent que tous les sentiments et toutes les conduites purifiant le cœur, perfectionnant l’âme et donc permettant de se rapprocher d’Allah sont des adorations.

Au sens strict, l’adoration est l’ensemble des pratiques exigées par Allah (awj) et son Prophète (saw), symbolisant le respect et la soumission des personnes religieusement responsables (mukallaf), à leur Créateur. Il est alors important de ne pas oublier que le droit de définir le statut d’adoration d’une pratique, ainsi que leurs formes et leurs conditions, appartient exclusivement à Allah et à Son envoyé. Les serviteurs, soumis à leur Seigneur, ne sont pas en droit de fixer et choisir les adorations selon leur volonté, et ne peuvent modifier la forme et les conditions des adorations émanant de Dieu. Car, comme il l’a été précisé auparavant, l’unique voie de l’adoration, permettant de démontrer notre respect et notre soumission, a été déterminée par Allah, lui-même.

L’islam ne vise pas que l’aspect intérieur ou extérieur, bien au contraire, l’Islam est une religion qui vise à reconstruire, à la lumière du message divin, la personne en son entièreté

La relation entre la croyance et l’adoration

L’objectif de l’Islam est de purifier notre for intérieur, ainsi que nos apparences. L’Islam vise pas uniquement l’aspect intérieur ou extérieur des personnes, bien au contraire, l’Islam est une religion qui vise à reconstruire, à la lumière du message divin, la personne en son entièreté. Bien sûr, la croyance débute dans le cœur, cependant une fois que cœur a été illuminé dans sa totalité, cette lumière ne se dissimule pas, elle cerne nos pensées, jaillit de notre bouche et se propage dans tous nos organes. D’ailleurs, l’équilibre entre nos apparences et notre for intérieur est une condition indispensable de la santé psychologique et spirituelle. La foi prenant forme dans le cœur se dit tasdiq (la confirmation), celle qui est dans notre esprit est le ‘ilm (la science). Quand cette foi apparaît dans nos paroles, alors elle devient le ikrar (l’affirmation), puis une fois qu’elle a rayonné sur nos organes, alors il est question d’amal (pratique religieuse). Donc, le croyant doit installer sa foi dans son cœur, l’affirmer par la parole, puis la lumière de la foi doit rayonner dans son esprit et apparaître dans sa conduite et dans ses actions.

Le Prophète (saw) a détaillé, dans un célèbre hadith, que l’Islam se réalise à travers trois aspects de la personne : l’iman, l’islam et l’ihsan. Les principes de la foi (Iman) vont donner un sens aux pensées des musulmans, établir les détails de leur croyance et, à la lumière de ces croyances, donner un sens à leur vie. Les principales adorations, qui définissent la forme et les conditions de la servitude et de la soumission, ont été nommées par le Prophète (saw), l’Islam. Concernant ce point, le Prophète (saw) a détaillé l’Islam comme étant la profession de foi (shahada), puis la prière, le jeûne du ramadan, le pèlerinage obligatoire (hajj) et l’aumône obligatoire (zakat). Quant à l’Ihsan, elle représente la méthode permettant la réalisation complète de la foi (Iman) et de l’Islam dans la vie du musulman. Cela se résume à un respect et une soumission qui embrassent la totalité de la vie du croyant (ce thème est généralement traité dans le domaine de la morale et du soufisme).

La sagesse divine (hikma) résidant dans l’adoration

L’Islam est un système englobant tous les aspects de la vie. Elle n’exclut aucun sujet et activité concernant les personnes. Son objectif principal est d’atteindre un équilibre entre de nombreux domaines si différents l’un de l’autre. L’adoration est un point essentiel permettant cet équilibre et qui ne peut être remplacé par aucune autre chose. Une analyse de l’adoration, dans sa diversité et ses formes, nous permet d’observer que celle-ci a pour but, d’un point de vue individuel : la protection de l’âme et du corps, et d’un point de vue collectif : la paix sociale.  Ainsi, les attitudes conformes aux préceptes religieux dans sa généralité sont qualifiées d’éthiques et sacrées, alors que les adorations, eux, apportent aussi un avantage concret.

L’essentiel de l’adoration est l’expression de notre servitude se réalisant à travers une soumission totale et un consentement profond. Il nous est par exemple impossible de comprendre complètement les raisons pour lesquelles les prières sont de tels nombres, composés en temps et en unité, pourquoi le jeune obligatoire s’effectue exclusivement le mois du ramadan. Ce sont des sujets, taabbudi, ayant pour seul but l’adoration d’Allah en toute sincérité, les causes et objectifs de ces rites dépassent notre esprit. Lorsque nous prenons conscience que les adorations sont un langage symbolique, permettant de communiquer avec un monde transcendant, nous comprenons plus aisément pourquoi la voie de la raison nous impose, à propos de ces sujets, de nous soumettre complètement aux sources scripturaires (Coran et Hadiths). Tenter de comprendre et identifier par la raison l’adoration et la ubudiyya, c’est-à-dire le fait de vouer son culte et sa servitude à Allah, au lieu de les considérer comme un élément de la foi, causerait un préjudice à la sacralité et à la grandeur de la religion. Les portes de la réflexion fermées sur les sujets de la foi et de la croyance sont grandes ouvertes concernant la recherche des causes et des sagesses divines (hikma) se cachant derrière les principes régissant les relations humaines (mu’ammalat).

Bien sûr, les actes d’adoration taabbudi (dont le but est uniquement de vouer le culte à Allah) comportent des utilités que la raison peut atteindre.  Par contre, il est essentiel de ne pas oublier que ces avantages ne sont pas l’objectif premier de notre adoration. L’adoration est en elle-même une finalité. Par exemple, les avantages individuels, sociaux, curatifs et éducatifs, du jeûne sont connus de tous. Cependant, ces avantages ne sont pas la cause (‘illa) de son statut d’obligation religieuse (fard). Notre pratique a pour seul objectif l’expression de notre servitude en Allah et l’acceptation qu’Il est l’unique autorité. Les autres utilités ne sont que des avantages secondaires en parallèle à l’objectif principal. Il n’est donc pas possible de s’exempter du jeune, pensant pouvoir atteindre les mêmes effets par le biais d’autres pratiques.

Les adorations peuvent paraître en apparence simples. Cependant, elles proviennent du Créateur, leurs secrets et leurs puissances dépassent ce monde physique et chacune d’entre elles reflète diverses formes et dimensions de notre relation avec le Créateur. C’est pour cela qu’à l’instar de la prière et du pèlerinage, la récitation d’invocation précise et la pratique de certains gestes constituent en partie, la forme et le fond de l’adoration, mais elles possèdent aussi une portée symbolique. Il n’est pas toujours possible de saisir la raison pour laquelle ces pratiques ont été fixées de la sorte. Les adorations représentent, dans un sens, l’aspect formel, mais aussi symbolique de la religion.

Le fondement de tous les actes d’adoration est le dhikr d’Allah (le rappel et l’évocation d’Allah) et son objectif principal est de rapprocher le croyant de son serviteur. Les adorations sont des moyens d’évoquer et se rappeler Allah. Les formes, les conditions, ainsi que les piliers des actes d’adoration ont pour but d’installer Allah dans les esprits et les cœurs, et cela par l’intermédiaire du dhikr (le rappel, l’évocation d’Allah). Une fois cet objectif atteint, le croyant prendra conscience qu’Allah est présent partout, à chaque instant nous observe et cette pensée ne le quittera jamais. Si à premier abord, les adorations donnent l’impression de se limiter à la relation entre la personne et Dieu, elles sont en réalité aussi utile au perfectionnement de la personnalité des croyants, et améliorent la structure sociale et les relations humaines. Si nous considérons chaque rite, un par un, nous pouvons observer qu’ils apportent diverses utilités durant toutes les étapes et facettes de notre existence.  Chacun d’entre eux nous aide à lutter contre les défauts que l’on possède et améliore notre personnalité en général. La chose primordiale que nous apportent les pratiques religieuses est sans aucun doute le renforcement de notre volonté et de notre pouvoir de décision, et donc la maîtrise de soi-même et ce que l’on possède. Effectivement, ce point est une étape essentielle dans la voie de la perfection de notre âme.

Les savants musulmans ont établi un consensus quant à l’obligation de se soumettre totalement aux enseignements divin et prophétique pour ce qui est de la forme et des conditions des rites religieux

L’autorité de décider de la forme des adorations

L’intelligence humaine peut appréhender l’importance et l’indispensabilité des adorations, mais elle n’est pas capable de savoir, comment et à quel moment elles doivent être pratiquées. (Le meilleur exemple concernant cela est l’exemple des hanif monothéistes, vivant à l’époque préislamique. Ils croyaient en un Dieu, transcendant et créateur, mais ils ne savaient pas comment exprimer leur servitude.)

Les gestes et les procédés utilisés durant les pratiques religieuses ont une importance secondaire par rapport à l’essence même de l’adoration, ainsi, leurs avantages et utilités peuvent, en partie, être saisis par notre raison. Cependant, certains aspects présentent des particularités que l’Homme ne peut absolument pas comprendre. En conséquence, les savants musulmans ont établi un consensus quant à l’obligation de se soumettre totalement aux enseignements divins et prophétiques pour ce qui est de la forme et des conditions des rites religieux. C’est pour cela qu’il est primordial de pratiquer la religion telle que nous l’a été ordonné par Allah et détaillé par le Messager (saw) ;  et savoir que toutes les pratiques ne faisant pas partie des ordres divins ou des explications prophétiques sont qualifiées d’innovations (bid’a) et ont été sévèrement blâmées. Bid’a signifie « toute pratique effectuée dans un but d’adoration, mais n’existant pas dans la Sunna du Prophète (saw), ou tout rajout et diminution effectués sur les adorations existantes ».

Dans le Coran, les principaux actes de dévotion tels que la prière, puis la zakat (aumône), le hajj (pèlerinage) et le jeûne du ramadan sont très souvent rappelés et ordonnés. La forme, les conditions et les jugements concernant ces rites, qui constituent la base de l’adoration, ont été détaillés par les explications et pratiques prophétiques. Le Prophète (saw) a enseigné tous les détails du pèlerinage et de la prière à la communauté et a dit : « Priez comme vous m’avez vu prier ! » et « Prenez les règles du pèlerinage de moi ! ». Cet enseignement basé sur la pratique et l’apprentissage s’est ensuite transmis de génération en génération.

 

La relation entre la forme et la signification de l’adoration

Ainsi que l’a stipulé l’Imam Ghazali dans le cadre d’analyses psychologiques très intéressantes, les actes d’adoration ont pour but d’élever notre esprit et de transformer les mauvaises caractéristiques de notre cœur en des qualités.

Chaque acte d’adoration est composé d’un rituel et d’actions bien précises imposés par Allah. Le croyant se doit d’exprimer son obéissance à son Seigneur dans le cadre fixé précisément. Généralement, ces gestes sont très symboliques et font partie de l’adoration à part entière. Il est indispensable de pratiquer ce rite dans sa forme exacte pour pouvoir ressentir et expérimenté sa signification. Agir selon les prescriptions ne permet pas seulement d’effectuer un acte symbolique, cela signifie en quelque sorte, participer à une expérience métaphysique universelle. L’adoration, dans sa forme et son fond, ses actes et son sens, forme un tout qui, une fois pratiqué, engendre les résultats et effets désirés.

Ainsi que l’a stipulé l’imam Ghazali dans le cadre d’analyses psychologiques très intéressantes, les actes d’adoration ont pour but d’élever notre esprit et de transformer les mauvaises caractéristiques de notre cœur en des qualités. Et cela en éloignant, à partir de pratiques physiques concrètes, notre esprit des influences de nos obligations journalières habituelles. Par exemple, la prosternation durant la prière ne signifie pas rassembler notre front et le sol, mais cela permet d’éveiller et de renforcer dans notre cœur l’humilité et la modestie. Une pratique religieuse, n’ayant pas les effets désirés et ne rassemblant pas la forme et le sens, est incomplète, inutile et caduque. Il n’est pas pensable d’espérer qu’Allah accepte une telle adoration. En effet, le verset suivant semble indiquer la situation d’une telle pratique : « Malheur donc, à ceux qui prient tout en négligeant (et retardant) leur Salat » (Maun/4-5)

L’Imam Ghazali indique encore que la réelle signification de la zakat (aumône) est, de diminuer l'amour inné et excessif qu'a le croyant envers les biens de ce monde, pour lui permettre de se diriger vers son Seigneur ; ôter de son cœur tout amour autre que celui d’Allah, pour lui faire goûter au tawhid (monothéisme) ; et le sauver de l’avarice, pour lui permettre d’exprimer sa gratitude en faisant don des biens qu’Allah lui a offerts. Quant au jeûne, son essence et sa signification sont de vider l’esprit des attentes mondaines autres qu’Allah, en se forçant à ne plus pratiquer certains de ses besoins naturels, et permettre ainsi au croyant d’atteindre les limites qui lui permettront de concentrer toute sa spiritualité. Le pèlerinage est en quelque sorte un ascétisme temporaire, car on retrouve dans son essence une pratique consistant à quitter toutes les habitudes et pratiques mondaines pour se consacrer totalement à Allah. Elle symbolise un voyage dans l’au-delà, une préparation à la mort et une simulation des événements qui vont se réaliser après la mort. 

La lecture du Coran exclusivement en arabe durant la prière est une des règles principales concernant la prière, une traduction ne peut en aucun cas remplacer la lecture de l’original et donc une prière dans une langue autre que l’arabe est invalide.

La langue employée durant l’adoration

La grande majorité des conditions d’acceptation des rites religieux sont des règles concernant la pratique et certains gestes établis par Allah (awj) et Son Envoyé (saw). C’est pour cette raison que ces règles sont considérées taabbudi et donc ne peuvent être annulées ou modifiées avec le temps et ne sont pas ouvertes à l’interprétation personnelle. Ainsi, les normes concernant la prière telles que la récitation d’une partie du Coran en arabe conformément à son origine, la nombre d’unités (rak’a), de prosternation (sajda) ou d’inclinaison (ruku) ; ou encore l’interdiction de manger, boire et avoir de relations sexuelles durant le jeûne ; et l’ihram ( sacralisation), la waqfa (la station) ou le tawaf (circumambulation) durant le pèlerinage, sont des règles de ce type et elles ne peuvent en aucun cas être modifiées.

Étant donné, que l’acceptation de la religion et la pratique de ses obligations se basent essentiellement sur la compréhension, la satisfaction et le libre choix, la prononciation en arabe de l’attestation de foi (shahada), du dhikr (évocation/rappel), l’invocation et l’intention n’ont pas été vues comme une obligation. De même, hormis certaines formules et invocations en arabe (la louange en Allah, la prière sur le Prophète (saw) et le Coran qui ont été établis en arabe dans les sources), le sermon de la prière du vendredi peut se faire dans une autre langue que l’arabe, car l’objectif du sermon est de transmettre un message que les croyants vont comprendre. Par contre, concernant l’appel à la prière, les juristes ont considéré obligatoire de la prononcer dans sa langue et dans l’ordre d’origine. Et cela, car l’appel à la prière est considéré comme étant le symbole de l’identité musulmane d’une région (shi’ar).

Le Coran est une miséricorde et une guérison pour les individus et la société, et a été révélé pour être écouté et pratiqué. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que le sens du message divin soit compris de tous. Ainsi, hormis durant la prière,  il est autorisé pour celui qui ne comprend pas l’arabe, de lire sa traduction ou son commentaire (tafsir). Cette lecture afin de comprendre et maîtriser le message d’Allah est donc un acte de dévotion. Cependant, lire ou écouter le Coran dans sa langue d’origine, même si elle n’est pas comprise, est aussi un acte d’adoration à part entière.

Il a été révélé dans le Coran concernant la prière : « Récitez donc ce qui [vous] est possible du Coran »(Muzammil/20) et il a été précisé dans les hadiths qu’une prière sans récitation et sans fatiha serait nulle ou incomplète. Puisque la sunna pratique et la tradition musulmane vont dans ce sens, toutes les écoles juridiques se sont mises d’accord sur le fait que la récitation du Coran en arabe est une obligation.

La lecture du Coran exclusivement en arabe durant la prière est une des règles principales concernant la prière, une traduction ne peut en aucun cas remplacer la lecture de l’original et donc une prière dans une langue autre que l’arabe est invalide. La personne incapable de lire en arabe, le moindre verset ou la Fatiha, est exemptée de l’obligation de récitation en raison de son excuse, mais devra apprendre le nécessaire au plus vite. 

Les différents types d’adoration

Les cinq obligations primordiales, permettant aux musulmans d’exprimer leur servitude et leur soumission, sont aussi nommées les cinq piliers (arkan). Le premier de ces piliers, l’attestation de foi (shahada), est la proclamation de notre croyance, elle possède une importance centrale vis-à-vis des quatre autres piliers. Les quatre autres piliers sont en quelque sorte les effets de notre croyance dont nous attestons. La proclamation de la foi se résume à attester et à témoigner qu’ « il n’y a nulle autre divinité qu’Allah (awj) et que Muhammad (saw) est Son Prophète et Son serviteur ». Ce pilier est la condition première pour devenir musulman.

Dans la tradition musulmane, l’attestation de foi (shahada) n’est pas une cérémonie, cependant c’est un principe qui va se refléter dans toutes les facettes de la vie et  rappeler sans cesse la vérité qu’Allah est unique et tout-puissant. Car l’attestation de foi est un résumé de la foi et de l’identité musulmane du croyant. Cette formule est proclamée aux oreilles du nouveau-né et elle doit être répétée autant que possible par la personne sur son lit de mort, ainsi que par les proches qui sont à ses côtés. Cette parole est répétée cinq fois par jour par le muezzin durant l’appel à la prière. Cependant, en dehors de l’attestation de foi, le musulman se doit de rester aussi attaché à toutes les croyances qui découlent de cette formule.

Les adorations, selon qu’elle soit financière ou physique, se séparent en trois catégories.

  1. Les adorations physiques : la prière, le jeûne et la lecture du Coran sont des pratiques physiques et donc les musulmans qui désirent effectuer un de ces rites sont dans l’obligation de s’y soumettre en personne et dans sa forme prescrite.
  2. Les adorations financières : La zakat (aumône obligatoire), le sacrifice et la sadaqa (aumône facultative)  sont des pratiques financières. Concernant cette catégorie, il est autorisé dans tous les cas d’effectuer ces rites par procuration. Car dans les deux situations, par procuration ou en personne, l’objectif est atteint. 
  3. Les adorations physique et financière : le pèlerinage. Tant qu’il n’y a pas de raison contraignante forte, la procuration n’est pas autorisée. Effectivement, la majorité des piliers du pèlerinage sont taabbudi (actes de dévotion concernant exclusivement Allah et le pratiquant, qui ne peut être modifiés par la raison)
Partant du principe que les adorations sont l’expression de la servitude à Dieu, leurs  accomplissements ne peuvent être imposés de force.

Les degrés de l’adoration

Il est indispensable que les actes d’adoration aient été effectués exclusivement pour Allah. La notion principale du tawhid (monothéisme) est d’adorer Allah sans l’associer et en espérant uniquement sa satisfaction et sa récompense. La majorité des adorations sont constituées de gestes et de pratiques, certaines d’entre elles ont une signification symbolique et elles constituent le fondement des actes d’adoration. Mais par-dessus cela encore, l’intention sincère loin de toute ostentation constitue la base de toute adoration. La sincérité nommée ikhlas est la condition principale de l’acceptation des bonnes œuvres. Le Prophète (saw) a souligné que toute adoration pratiquée sans sincérité n’est rien d’autre qu’une action vide de tout sens.

Selon les soufis, l’adoration et la dévotion sont des moyens indispensables permettant de gagner la satisfaction d’Allah (awj), de se rapprocher et être auprès de Lui. Seul celui qui prend conscience qu’Allah est partout et voit tout, pourra pratiquer la religion comme il se doit.

Un autre principe essentiel de l’adoration est la continuité. Le Coran demande que l’on pratique jusqu’à la mort (Hijr/98-99). Le Prophète (saw), quant à lui, a sans cesse conseillé d’être équilibré dans les pratiques religieuses et a déclaré que la meilleure des pratiques est celle qui est régulière, et a même mis en garde les compagnons qui désiraient pratiquer avec exagération. 

L’Islam insiste sur l’importance d’une pratique avec amour, volonté, plaisir et enthousiasme. C’est pour cela qu’il a été établi le principe de facilité dans la religion. Les prescriptions divines ont été fixées selon les capacités d’un individu moyen. Cependant, certaines facilités ont été instaurées pour les plus faibles (roukhsa) et il a été recommandé à ceux qui sont plus forts et compétents de pratiquer davantage (takwa). C’est ainsi que l’Islam a pu convenir à toutes les personnalités et être universelle.

Les effets de l’accomplissement des actes d’adoration

Les adorations ne régissent pas uniquement la relation entre l’Homme et Dieu, mais agissent aussi, directement ou indirectement, sur les relations entre la personne et son entourage et sur la société. Même des pratiques, telles que la prière ou le jeûne, qui semblent être individuelles, ont en réalité pour effet apparent d’éloigner le mal, de permettre la paix, la sérénité, l’entraide et la cohésion sociale. Cela est davantage visible concernant la zakat (aumône), le pèlerinage, le sacrifice et les expiations (kafara).

Partant du principe que les adorations sont l’expression de la servitude à Dieu, son accomplissement ne peut être imposé de force.  Il est uniquement autorisé d’enseigner et de mettre en place les conditions favorables à la pratique religieuse. Il est indéniable, étant donné que la sincérité de l’intention est une des conditions premières de l’adoration, que toute œuvre pratiquée sous la contrainte sera refusée par Dieu et poussera les personnes vers l’hypocrisie. L’importance accordée aux adorations dans la parole de Dieu est une motivation suffisante pour les croyants. Le Coran affirme de façon générale que ceux qui effectuent de bonnes œuvres seront récompensés, tandis que ceux qui désobéissent aux prescriptions divines subiront un lourd châtiment ; et précise en particulier que les personnes qui prient et donnent la zakat auront une belle fin, alors que ceux qui tournent le dos ces deux pratiques seront confrontés dans ce monde et dans l’au-delà à de lourdes sanctions. Cependant, il n’est question dans le Coran d’aucun moyen de pression visant à contraindre les gens à pratiquer.

La pratique des prescriptions divines est dans un premier temps un moyen de se dégager de nos responsabilités religieuses. Tandis que la valeur et la récompense de cette pratique appartiennent uniquement à Allah, nous pouvons dire cependant qu’elles seront à la hauteur de la qualité et de la sincérité de nos actes.

Ainsi que l’a affirmé le Coran, l’Homme a été doté de la capacité d’obéir et de désobéir. Et il lui a été uniquement demandé d’adorer Allah et de refuser toute autre divinité qu’Allah, son ego inclus. Le fait que l’Homme s’éloigne de la désobéissance alors qu'il en est capable et que, par sa propre décision et volonté, obéit et invoque son seigneur est un acte d’une valeur et d’une signification très importantes.  En réalité, une telle conduite est en harmonie avec l’univers, ainsi qu’avec sa propre nature (fitra). Ainsi, l’adoration est une responsabilité, mais aussi un moyen important d’améliorer et de perfectionner notre personnalité et  nos compétences.

قَلَ رسول الله (صلى الله عليه و سلم ) : " كُلُّ مُسْكِرٍ خَمْرٌ , وَ كُلُّ مُسْكِرٍ حَرَامٌ , وَ مَنْ شَرِبَ الخَمْرَ فِي الدُّنْيَا فَمَاتَ وَهُوَ يُدْمِنُهَا , لَمْ يَتُبْ , لَمْ يَشْرَجْهَ فِي الآخِرَةِ. "
Le Messager d’Allah (saw) a dit :

“Tout ce qui enivre est une boisson alcoolisée et tout ce qui enivre est illicite. Celui qui boit de l’alcool en ce monde puis meurt en état de dépendance sans se repentir n’en boira pas dans l’au-delà.”

Sahih Muslim, Livre des boissons, Hadith 5218